ABUL ALA AL-MAARI :

UN POÈTE POUR CE TEMPS DE DÉTRESSE





  Abul Ala Al-Maari (973-1057) est l’un des plus grands poètes de langue arabe.

 L’oeuvre de ce libre penseur a été interdite d’exposition par les autorités algériennes lors du Salon international du livre d’Alger en 2007. Elle est aujourd’hui pratiquement introuvable en France

  Les extraits suivants se passent de commentaires.



  

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  Les habitants de la terre se divisent en deux : ceux qui ont un cerveau et pas de religion, et ceux qui ont une religion et pas de cerveau.


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  Qu’est ce que la religion ? Une vierge que l’on dissimule

  Le prix des présents et le montant de la dot stupéfient les prétendants

  De l'avalanche des doctrines qui se déversent de la chaire

  Mon cœur n’a jamais accepté un seul mot


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  Le mensonge a tant corrompu le monde 

  Que jamais nulle dispute n’aura divisé de vrais amis

  Comme les sectes l’ont fait

  Mais la haine étant dans la nature humaine

  Les églises et les mosquées se sont élevées côte à côte


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  Peut-être dans le temple se trouverait-il des gens

  Qui procurent la terreur à l’aide de versets

  Comme d’autres dans les tavernes

  Procurent le plaisir


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  Ho ! imbéciles, réveillez-vous ! les sites que vous croyez sacrés

  Ne sont qu’impostures inventées par les anciens

  Avides de pouvoir, qui vécurent dans la luxure

  Et moururent dans la bassesse et leur loi n’est que poussière


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  La religion - commerce de mort

  Pour cette raison, c’est un objet invendable

  Parmi les vivants


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  Foi, incroyance, rumeur colportée,

  Coran, Torah, Évangile

  Prescrivent leurs lois...

  A toute génération ses mensonges

  Que l’on s’empresse de croire et consigner

  Une génération se distinguera-t-elle, un jour,

  En suivant la vérité ?


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  Tous les hommes se hâtent vers la décomposition

  Toutes les religions se valent dans l’égarement


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  Les musulmans trébuchent, les chrétiens sont égarés

  Les juifs sont dévoyés, les mages sont dans l’erreur

  Nous les mortels nous répartissons en deux catégories

  Les crapules initiées et les dévots stupides


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  Réveillez-vous ! Réveillez-vous ô ignorants !

  Votre religion est une ruse des anciens

  Ils voulaient à travers elle accumuler les richesses

  Ils les ont eues, puis ils ont péri

  Que périsse la religion des scélérats !

  Ils disent que la fin des temps approche

  Et qu’il ne reste que peu de jours à vivre

  Ils mentent et ne savent rien de la fin des temps

  N’écoutez donc jamais les mensonges des chefs


  Les gens attendent la résurrection d’un iman

  Qui parlerait dans la multitude muette

  Mensonge ! Il n’y a d’iman que la raison

  Qui dirige les hommes matin et soir

  Toutes ces religions ne sont que des moyens 

  Pour enrichir les dirigeants

  Les hommes se jettent dans le mal

  Et toutes les religions sont égales dans l’erreur


  Une criaillerie a éclaté à Jérusalem

  Entre Mahomet et Jésus

  Celui-ci sonne la cloche

  Et celui-là crie de son minaret

  Chacun vante sa religion

  Où est donc la vérité ?