Nabot fait des mots croisés. Encore un que les sarrasins n’auront pas, marmonne-t-il en cochant plusieurs cases d’un coup de crayon rageur.

&

Depuis la totale interdiction de fumer en Nabotie les flics ne savent plus comment passer à tabac les gardés à vue et autres délinquants.

&

Nabot a été vivement impressionné par les tours de prestidigitation de Jésus Miracle. Recevant l’artiste dans sa loge royale il lui tient ce discours :
- C’est formidable, vos tours sont vieux de deux mille ans et ça marche toujours. Vous pouvez me le dire, à moi : c’est quoi votre truc ?
Jésus Miracle parait surpris :
- Mes tours ? Mon père me les a appris. Vous ne le saviez pas ?
Nabot réfléchit un moment, puis demande :
- Et votre mère serait... ?
Jésus Miracle éclate alors de rire :
- Là, je reconnais qu’il y a un truc.

&

Nabot vient d’ôter son dernier vêtement.
- Le roi est nu, déclare-t-il sentencieusement.
- C’est toujours mieux que d’être énuque, répond Pimprenelle, son épouse.
Nabot se tait, dubitatif. Pourtant quelques minutes plus tard, dans le lit conjugal, il s’enquiert avec une pointe d’humeur :
- Quoi ma nuque ? Qu’est ce qu’elle a ma nuque ?

&

Un monarque étranger, lors d’une visite officielle, s’étonnait devant Nabot de l’absence d’un bouffon à la cour de Nabotie. Il s’attira cette réponse :
- Ça coûte cher. Et l’État doit devenir plus économe. Alors je fais le job.

&

Nabot, pour conserver la forme, s’adonne à l’activité vélocipédique sur son vélo d’appartement. Ses progrès seraient fulgurants.
- A ce rythme, dit-il en plaisantant, je vais participer cette année au Tour de Nabotie cycliste.
- Mais il y a de la haute montagne, objecte un conseiller. Vous n’y êtes pas préparé.
Les autres conseillers opinent du chef.
- Et bien ces montagnes, messieurs les conseillers, nous les naboterons !
Le rire parait conseillé à ce moment là si l’on tient à conserver sa place.

&

Nabot s’est entiché du Bafouilleur. Il ne se lasse pas de lui dire :
- Vous bafouillez, mon ami.
Et de s’entendre répondre :
- Mais Chef, si je fabouillais, je m’en acerpevrait !
Nabot l’a ainsi nommé premier ministre. Pourtant, depuis cette nomination, toute la Nabotie bafouille à qui mieux mieux et l’on commence à jaser dans les chaumières. Nabot a finalement reconnu son erreur :
- La prochaine fois, a-t-il promis, je prendrai un muet.

&

Il se murmure en Nabotie que Nabot lirait. On soupçonne Pimprenelle d’être à l’origine de cette rumeur. Informée, la princesse de Clèves a demandé par l’intermédiaire de son avocate l’abrogation de la lettre de cachet la condamnant à l’exil. A ce jour Nabot ne s’est pas manifesté. On craint que cette requête ne rejoigne les précédentes, dans la corbeille à papier. D’ailleurs Maître Lafayette, son avocate, ne se fait guère d’illusion :
- La rancune de la partie adverse est tenace, a-t-elle précisé.

&

Nabot préconise le bonheur en Nabotie :
- Faites comme Charles Trenet, répond-il aux grincheux : chantez soir et matin, chantez si avez tout ou rien, chantez sur votre chemin.
La ficelle de la chanson aurait porté plainte.

&

Comment représenter en couverture de Jours de Nabotie Nabot et Pimprenelle sans s’attirer les habituels quolibets sur la différence de taille du couple royal tout en ménageant la susceptibilité de Nabot ? La direction du magazine planche sur la question. La talonnette ? Elle a déjà trop servi. Nabot debout derrière Pimprenelle assise dans un fauteuil ? Ce serait outrageant pour le Chef. Finalement les responsables du journal ont trouvé une solution satisfaisante, ménageant la chèvre et le chou. Nabot est assis sur son trône, le regard en direction de l’objectif. A ses pieds, en partie allongée, Pimprenelle regarde amoureusement son seigneur et maître.
Nabot a félicité la direction de Jours de Nabotie pour cette couverture, très réussie à l’entendre. Pimprenelle serait plus réservée :
- T’es mon chou, d’accord, mais je ne suis pas ta chèvre !

&

Nabot depuis peu cauchemarde. Le même rêve revient chaque nuit. Une foule en liesse promène sa tête royale en haut d’une pique. Chaque fois Nabot se réveille en sursaut, baignant dans sa sueur. Il a d’abord interdit la vente des piques en Nabotie, puis celle des sans-culottes. Rien à faire : après un temps de répit ce maudit cauchemar revenait, obsessionnel. Nabot penserait à une solution, du genre final : supprimer tous ses sujets. Cependant Pimprenelle la trouve excessive :
- Là, franchement, tu exagères mon Nabot !

&

Sans Nabot, Boutefeu, le chef de la police, ne serait rien. Mais sans Boutefeu Nabot ne disposerait pas d’un parapluie providentiel qui, en certaines occasions, le protège de la grêle et même de la foudre. De là, avance-t-on, l’expression “foudre de guerre” que l’on dit taillée sur mesure pour Boutefeu. On se permettra ici de la discuter parce qu’en l’occurrence Boutefeu sert surtout de paratonnerre.

&

Nabot a enfin trouvé un prétexte pour interdire Les voyages de Gulliver. Il a fait remarquer au comité de censure que Lily Pute ne devait en aucune façon servir de modèle à la jeunesse nabotienne..

&

En langage populaire “faire Nabot” signifie “je m’en lave les mains”. Ponce Pilate aurait émis une protestation.

&

Boutefeu s’est fait réprimander par Nabot, ce mois-ci : le nombre d’expulsions d’étrangers indésirables étant inférieur au chiffre fixé en tout début d’année. Boutefeu se défend :
- Mais Nabot, à ce rythme là, un jour, il n’y aura plus d’étrangers indésirables ! Que ferons-nous alors ?
L’argument semble avoir été entendu. Nabot, après plusieurs minutes de réflexion, a répondu :
- Qu’à cela ne tienne : nous les inventerons.

&

Dans une nouvelle version de Robinson Crusoe, appelée Nabot Crusoe, le sauvage se nomme Dimanche. L’auteur le justifie par le proverbe : “Tel qui rit vendredi dimanche pleurera”. A vrai dire on ne comprend pas bien pourquoi. Seul Nabot, d’après l’auteur, serait susceptible de fournir une explication. Il nous fut cependant répondu, sur un ton qui dissuadait d’en savoir davantage :
- Vous me prenez pour le bureau des pleurs, ou quoi !

&

Alors que Nabot promettait haut et fort “la prise du siècle”, la police n’a pu mettre la main que sur les trois bandits de Napoli. Et ils sont encore plus cons que dans la chanson, constate amèrement Nabot !

&

Nabot entend des voix.
- Comme Jeanne d’Arc alors. Et qu’est ce qu’elles te disent, demande Pimprenelle ?
- Nabot, va bouter les immigrés hors de la Nabotie.
Pimprenelle reste perplexe. Et puis Jeanne d’Arc n’est pas à proprement parler sa tasse de thé :
- Ce ne serait pas plutôt “brouter” ?
- Mais non, ça ne voudrait rien dire !
- Acceptons. Évite cependant de passer par Rouen, mon Nabot.

&

Nabot, après réflexion, décide de faire appel à Jésus Miracle :
- La multiplication des pains, c’est bien toi, hein ?
L’autre répond, prudemment :
- On le dit.
- Tu ne pourrais pas faire la même chose avec les voix ?
- Les voix ? Comme la voix sans maître ?
- Il n’y a pas de voix sans maître, abruti ! Je veux parler des voix d’électeurs.

&

Nabot reçoit le roi de Perse :
- Toi t’y vends tapis de prix ?
- Non Tapie de solde, made in France.
- Moi pas compris.

&

Nabot est fort mécontent. Il n’y a pas eu ce mois-ci en Nabotie de crime sexuel exploitable à des fins électorales. Il vient de passer sa colère sur Boutefeu :
- Je veux pour le mois prochain un multirécidiviste criminel sexuel aux petits oignons ! Tu m’as bien entendu Boutefeu ?
- Bien Chef. Vous savez, à force de réduire les effectifs des services d’insertion et de probation, et ceux de la psychiatrie de secteur je vous fiche mon billet que nous le trouverons rapidement.

&

Le fromage La Vache qui rit ne faisant plus recette, son fabricant vient de l’appeler Le Nabot qui rit. Les associations de consommateurs ont demandé des garanties sur la qualité du lait.

&

Afin de renflouer les caisses de l’État, Pimprenelle a accepté de participer à une vaste campagne publicitaire intitulée “J’enlève le haut”, qui a connu un franc succès. Les nabotiens de sexe mâle (et une partie non négligeable des nabotiens de sexe femelle) attendaient avec impatience le second volet de cette campagne d’affichage : ‘”J’enlève le bas”. Tous furent déçus car Pimprenelle se contenta d’ôter le bas résille d’une marque que nous ne citerons pas.

&

Depuis qu’il monte sur des échasses Nabot pense apercevoir la mer à tout bout de champ. On se garde de le démentir. A croire, persiflent certains, qu’il a de la mer dans les yeux.

&

Nabot se voyait trop beau comme chanteur : il doit maintenant déchanter. Pimprenelle lui a suggéré de prendre des leçons avec l’enroué vers l’or. Nabot aurait préféré Chaplin à Aznavour mais comme le premier cherchait encore après Titine...

&

Nabot fait preuve d’une très grande mansuétude envers le fameux quatuor des exilés fiscaux (Jojo, Zaza, Popaul, Floflo), ses amis.
- Ne communiquez pas sur le sujet, demande-t-il à ses conseillers, le peuple n’a pas besoin de le savoir. C’est une affaire privée.
Puis, dans un second temps :
- Vu le pèze que ça représente, je ne suis par sûr que les gens sachent compter jusque là.

&

On commence à évoquer un après Nabot. La vipère de Meaux serait sur les rangs. Et moi qui l’ai réchauffée dans mon sein, grince Nabot !

&

Avant de laisser la place à Nahash le serpent, la vipère de Meaux avait tenté sa chance auprès d’Eve.
- Tu ne me plais pas, avait répliqué la première femme, et puis tu as comme un air de famille avec Goebbels.

&

“Un monde sans Nabot ! ”, crient les manifestants.
- Vous avez entendu, s’inquiète Nabot ?
- Pas trop, dit le premier conseiller, le son de la télévision parait défectueux.
- Ils ne crient pas tous la même chose, tempère un second conseiller, on ne comprend pas bien.
- J’ai cru entendre “Demain il fera beau”, avance un troisième conseiller.
Nabot hoche la tête :
- Si c’est ça on pourrait à l’avenir s’abstenir de financer cette ruineuse météo qui ne nous rapporte rien.
- Moi j’ai mon baromètre, approuve la premier conseiller.
- Et moi ma grenouille, renchérit le second.
- Et puis nous avons aujourd’hui les manifestants, ajoute en souriant le troisième.

&

Nabot est venu visiter les installations de la ligne Maginot.
- Je vous écoute, messieurs les militaires.
- Ils ne passeront pas, entonne une grande partie du choeur.
- S’il passent on trépasse, reprennent quelques voix isolées.
- Vous n’avez pas intérêt à trépasser, gronde Nabot ! Sinon vous passerez tous un sale quart d’heure ! Compris !

&

Même quand Pimprenelle fait la courte échelle à Nabot, celui-ci n’arrive pas à attraper les belles cerises qui lui font tellement envie, de l’autre coté du mur du jardin.
- T’es trop petit mon Nabot. T’as pas assez mangé de soupe quand tu étais enfant.
- La soupe à la limace, merci, répond Nabot d’un air dégoûté.
- A la grimace, rectifie Pimprenelle.
- Grimace toi même ! Tu n’as jamais compris mon anglophilie. Déjà, jeune enfant, je refusais de manger la soupe de colimaçon.
- Ta ra ta ta mon Nabot. C’est au pied du mur qu’on voit le maçon. Et là, franchement !

&

Le lancer de nain vient d’être interdit en Nabotie. Toute personne s’y adonnant risque une importante condamnation.
- Enfin les droits de l’homme sont respectés, se félicite Nabot.
La Ligue des droits de l’homme, dissoute depuis des années, appréciera.

&

Des nabotiens fortunés font installer dans leurs propriétés des statues grandeur nature de Nabot. Il paraîtrait, à l’instar du Victor Noir du Père-Lachaise, que la palpation par une main féminine d’une certaine partie de l’anatomie du modèle contribuerait à fertiliser les femmes stériles.
- Foutaises, s’est exclamé Pimprenelle ! J’ai sous la main l’original en permanence et je ne suis pas grosse pour autant !
Sans doute ne faut-il pas confondre statue et gisant. Et la représentation de Nabot en gisant serait à coup sûr une grave faute de goût.

&

Nabot en se rasant interroge son miroir :
- Miroir, mon beau miroir, combien de temps vais-je encore régner sur ce pays ?
- D’abord je ne suis pas beau quand tu me consultes, dit le miroir, puisque ton visage se reflète. Ensuite je ne te répondrai pas. Et puis tu n’as pas intérêt à me briser, ça te porterait malheur.

&

La pièce En attendant Nabot tourne au fiasco. Beckett rigolerait, apprend-on de source autorisée. Nabot a répliqué du tac au tac :
- Qu’il rigole ! De toute façon il n’est bon qu’à ça.

&

La chanson Nabot Nabote, extraite du dernier disque de Pierre Vassiliu, est censurée sur les ondes des radios. Nous avons pu cependant nous procurer le couplet incriminé :
“Il s’appelait Nabot / Elle s’appelait Nabote / Il était son kapo / Elle était sa kapote / Il sortait ses grelots / Elle disait je grelotte / Il faisait le gros dos / Elle réclamait sa dot...”

&

Nabot songe à nommer Jésus Miracle ministre du commerce.
- Pourquoi faire appel à moi ? Vous savez pourtant ce que je pense des marchands du temple.
- Pour multiplier les échanges commerciaux, pardi !
- Cela n’entre pas pas dans mes compétences. Pour les pains, d’accord, je connais la recette. Mais ne m’en demandez pas davantage.
Nabot aurait répondu (nous ne garantissons pas l’authenticité de cette réponse) :
- Toi, si tu continues, tu vas recevoir un pain dans la gueule !

&

Nabot s’étonne de voir une couronne d’épines sur la tête de Jésus Miracle :
- Il est con ton chapeau.
- J’en connais qui n’ont pas besoin de chapeau pour avoir l’air con.

&

Nabot porte depuis la semaine dernière la raie au milieu.
- Comme ça t’as l’air d’un barbeau mon Nabot, regrette Pimprenelle.
- C’est toujours mieux que maquereau, répond Nabot agacé. Et si je te disais que tu es une grande perche.
- Je te répondrais que tu ressembles à une ablette.
- Morue va !
- On ne va pas continuer à s’envoyer à la tête des noms d’oiseau. Faisons la paix mon Nabot.
- Des noms d’oiseaux ? Tu veux noyer le poisson, Pimprenelle !

&

L’expression “être mené en Nabot” prendrait définitivement le pas sur “être mené en bateau”. Ce dont se plaindraient les responsables de la marine nabotienne qui enregistrent une baisse sensible du trafic voyageur au fil des ans.

&

Durant les récréations les écoliers jouent à saute-nabot. Les moutons, s’estimant lésés, viennent de se constituer en syndicat. Pimprenelle s’est émue et approuve leurs revendications.
- Toi, quand je te saute, tu ne fais pas tant de manières, a réagi Nabot fort en colère !

&

Nabot vient d’embaucher Raymond Devos.
- Faites moi la mer démontée, demande-t-il à l’humoriste.
Sans se démonter Devos lui chante :
- Il était un petit Nabot -ô- il était un petit Nabot-ô / Qui n’avais ja-ja-jamais navigué, qui n’avais ja-ja-jamais navigué ohé ohé...”.

&

Les spectacles du clown Grog ne doivent pas dépasser le milieu de soirée : la vente d’alcool étant interdite en Nabotie après 22 heures.

&

S’il les connaissait Nabot détesterait les films de Hong-Sang-Soo.
- Pourquoi ?
- Allez les voir, vous comprendrez.

&

La dernière scie à la mode (En passant par la Lorraine avec mon Nabot ) passe et repasse sur les chaînes des radios et des télévisions. Pendant ce temps là les scieries ferment les unes après les autres, en Lorraine justement.

&

Nabot et Pimprenelle viennent d’adopter un orphelin. Mais il n’est pas question de lui offrir des étrennes : les droits ont déjà été déposés ailleurs.

&

Nabot confond régulièrement Rambo et Rimbaud :
- Silvester Stalone c’est OK. Mais je n’arrive pas à retenir le nom de l’acteur qui joue Rimbaud.

&

Pour Nabot il n’existe qu’une seule justice, la sienne. Comme cela, argumente-t-il, nous faisons de substantielles économies.

&

Boutefeu aime se pavaner en tenue de C.R.S..
- Tes gars ont tous les mêmes couvercles de poubelles comme protection, s’étonne Nabot ?
- Non. Ça c’est un bouclier flicsal.
La plaisanterie, douteuse au demeurant, n’a pas été du goût de Nabot.

&

Le petit caporal arrivait à saisir l’oreille de ses grenadiers. Nabot, même en se haussant sur ses pieds, n’y arrive pas.
- Et dire que l’on prétend que les andalous sont des gens de petite taille, gromelle-t-il.

&

Nabot se veut furieusement démocrate. Je le suis d’abord pour ma pomme, ajoute-t-il, charité bien ordonnée commence par soi-même.

&

Depuis qu’on l’a briefé sur le mot dysfonctionnement, Nabot l’utilise en toute occasion. Il voit des dysfonctionnement partout, rapporte une personnalité du naboland. Un propos rapporté sous le plus strict anonymat. Il est vrai que si l’on remplaçait ici dysfonctionnement par.... n’est ce pas.

&

Cette année Nabot sera le parrain des restos du coeur. Comme l’année précédente il était le marin des restos du port, on pense qu’il assurera comme une bête. D’ailleurs on le pressent pour être l’année prochaine le tarin des restos du porc.

&

Lequel embaucher ? Nabot a finalement tranché. Il prendra Bernard Tapie d’Orient parce qu’au moins on peut s’essuyer les pieds dessus. Bernard Tapie d’Occident devra encore patienter.

&

Jésus Miracle vient de se faire arrêter par les gendarmes pour excès de vitesse. Je n’y suis pour rien, s’est-il défendu, Nabot m’a demandé de multiplier les vitesses.

&

On murmure que Nabot se présenterait au fauteuil de Monsieur Thiers lors de la prochaine élection de l’Académie nabotienne. J’ai déjà les deux tiers des académiciens dans ma poche, affirme-t-il. Le tiers qui reste c’est de la graine de communard !

&

Une question taraude Nabot. Il l’a finalement posée à Jésus Miracle :
- Dis, Jeanne d’Arc, elle était vraiment pucelle ?
- Qu’est ce que j’en sais, moi, demandez aux historiens.
- Ouais... tu es Jésus Miracle comme je suis le pape.
- Bon, je sais en tout cas que lors d’un échange avec Gilles de Rais, qui tâtait en quelque sorte le terrain, elle aurait répondu : “Je ne peux pas, j’ai mes anglais”. Débrouillez vous avec ça.

&

Lors d’un déplacement en province Nabot et sa suite ont été accueilli par une pluie de tomates et de pêches pourries. Nabot a aussitôt limogé le conseiller qui certifiait la veille qu’il y avait actuellement une pénurie de fruits et légumes en Nabotie.

&

Nabot jalouse Berlustucru :
- Qu’est ce qu’elles lui trouvent, toutes ces mineures ?
Pimprenelle a son idée :
- C’est un mâle, un vrai, un latin, un Jules...
- Un César, pendant que tu y es, s’emporte Nabot !
Pimprenelle émet alors un petit rire de gorge :
- Sûr qu’elles l’ont pompé, les gamines !

&

Parfois Nabot s’emmêle les pinceaux avec des citations apprises tant bien que mal.
- Je veux être Chateaubriand ou vaurien, a-t-il récemment déclaré devant un auditoire médusé.
A quoi pensait-il à ce moment là ? Au veau d’or ?

&

Nabot veut absolument faire travailler les chômeurs.
- Mais nous n’avons rien à leur proposer, gémit un conseiller.
- Trouvez quelque chose, n’importe quoi. Je ne veux plus voir ces feignants s’engraisser sur le dos de la collectivité. Supprimons les allocations chômage, vous verrez qu’ils trouveront rapidement du travail, vos chômeurs.
Trois mois plus tard, le même conseiller rendait un premier rapport :
- Malgré la suppression des allocations chômage, les gens n’ont toujours pas trouvé de travail. Ce qui fait de nombreux mécontents en plus. Le peuple gronde. Les associations caritatives se plaignent. Vous êtes plus impopulaire que jamais. La situation devient critique.
Nabot sourit :
- C’était pour rigoler. Mais pas que. On va les rétablir ces allocations. Vous verrez, je vais remonter dans les sondages. Et vite fait.
Puis se touchant le front :
- Y’a pas à dire, y’en a là dedans !

&

Un bossu, révélé au théâtre dans le rôle de Polichinelle, devint ces années-là l’une des coqueluches de la capitale. Un succès principalement dû au coté “phénomène de foire “ du personnage : en effet ce bossu l’était par derrière, comme il se doit, mais également par devant ! Et l’on disait que le bonhomme n’avait pas la langue dans sa poche. Nabot, intrigué, fit venir ce bossu en son palais. Il voulut d’abord vérifier ce qu’il avait lu dans une gazette :
- Qu’est ce qu’il y a dans ta bosse de devant ?
- Des ordres.
- Et dans ta bosse de derrière ?
- Des contrordres.
Nabot, qui entendait divertir son auditoire, demanda alors :
- Et la bosse des maths, où est-elle ? Je ne la vois pas.
Le bossu fit un pas en arrière :
- Si vous me prenez pour un échiquier vous êtes perdu.
- Je ne comprends pas.
- Parce que échec et maths, mon cher Nabot.

&

Nabot vient d’apprendre l’existence d’un écrivain nommé Nabokov.
- C’est lui, l’inspirateur de nos lolitas ? Faites le coffrer pour mauvaises moeurs et trouble à l’ordre public. Sans oublier l’usurpation de nom. Ça lui apprendra à mettre un kov à la con au bout du mien. N’importe quoi !

&

Nabokov étant introuvable en Nabotie, Nabot envisage de demander son extradition. Mais à qui s’adresser : au tsar ou à l’oncle Sam ? En Suisse finalement. Nabot n’est pas mécontent :
- Alors ajoutez Jean-Jacques Rousseau à la liste. Ce lascar commence à me chauffer les oreilles avec sa souveraineté populaire.

&

Nabot ne comprend par les rires qui accompagnent l’une des histoires de Guy Bedos. Tout le monde sait que le roi du Maroc il est arabe, explique-t-il, qu’est ce qu’il y a de drôle là dedans ?

&

Visitant le Jardin des Plantes Nabot n’a pu s’empêcher de rire à gorge déployée :
- Bouffon vous dites ? Valait mieux qu’il fasse carrière dans le cinquième arrondissement celui-là. En banlieue c’aurait été la franche rigolade.

&

Par ordonnance Nabot vient d’interdire aux pêcheurs à la ligne de rejeter à l’eau tout poisson ne faisant pas la taille requise. C’était de la discrimination, s’est-il justifié devant l’un de ses conseillers.

&

A la chasse Nabot tire sur tout ce qui bouge. Vers la fin de la journée son ombre est farcie de plombs.

&

D’ailleurs l’ombre de Nabot a demandé l’asile politique en Engadine. Cela lui a été refusé au motif que Nabot n’avait pas la qualité de voyageur.

&

Nabab paye les vacances de Nabot.
- On ne pourra pas dire que je prends des congés sur le dos des contribuables, clame Nabot à la cantonade.
Le contribuable Nabab a toutes les raisons du monde de s’en réjouir. Question subsidiaire : pourquoi ?

&

Figaro a changé son impertinent “demain on rase gratis” contre un banal et démagogique “demain on rase Nabot”. Prudent cependant, Nabot a fait courir le bruit qu’il était imberbe.

&

Le nabolo menthe est la boisson favorite des enfants nabotiens.

&

Ne croyez pas ceux qui vous racontent que Gide voyage actuellement au Congo ou qu’il rentre d’URSS. Le célèbre écrivain nous a déclaré en exclusivité : “J’écris Nabot”.

&

Paul Valéry, souffrant, s’est fait représenter par Monsieur Teste. Interrogé par la presse après sa visite à Nabot, Teste s’est contenté de répondre : “Celui-là, y’a pas à dire, la bêtise c’est son fort”.

&

Boutefeu rencontre son âme :
- Passez votre chemin, madame, je suis sans état d’âme.
- J’avais compris, réplique cette dernière, pas besoin de m’en faire état.

&

Nabot peine à compter jusqu’à dix :
- Après neuf, c’est vieux, non ?

&

Nabab vient de faire un cadeau somptueux à son ami Nabot.
- A charge de revanche Nabot, la prochaine fois tu me paieras un pot.
Ceci dit en clignant de l’oeil.

&

Nabot a refusé de rencontrer une délégation de viticulteurs. A la place il a convoqué Jésus Miracle :
- Dis, pour changer, tu ne pourrais pas transformer le vin en eau.

&

Dans sa baignoire Nabot fait des bulles.
- Comme le pape alors, demande Pimprenelle ?
- Ah non ! Lui il bulle, moi je bosse.

&

Lors d’une visite dans un commissariat Nabot crut bon plaisanter en serrant la main d’un flic antillais :
- Toi t’y as la peau lisse.
Un journal rapporte que Boutefeu se marrait comme un bossu (ou une baleine selon une autre source). Le chef de la police l’a catégoriquement démenti dans un communiqué :
- Ne racontez pas n’importe quoi, il n’y a que les blagues auvergnates qui me font rire.
Selon une autre version, non autorisée, l’antillais interpellé aurait répondu, en passant sa langue sur sa lèvre inférieure :
- Y’a bon Nabot.

&

Nabot apprécie également les blagues auvergnates. Surtout quand Boutefeu les raconte :
- C’est l’histoire d’un nègre dans un tunnel entre Clermont-Ferrand et Issoire...

&

On donne Nabot à trois contre un dans la seconde.
- J’en ai pourtant vu courir des canassons dans ma vie, s’étonne un turfiste, mais un poney ça c’est une première !
Ne dit-on pas que Nabot dans une autre vie aurait été jockey. Laissons lui le dernier mot :
- Quand j’étais jockey je faisais un régime. Aujourd’hui, du haut de mon trône, je suis le régime. Du verbe être, hein !

&

Prenant de son temps pour effectuer des recherches dans l’intérêt des familles Guermantes et Villeparis, Nabot a jeté à la poubelle celle de Marcel Proust. On a pas de temps à perdre avec lui, a-t-il déclaré.

&

En classe de philosophie (section rattrapage) Nabot chuchote à l’oreille de Boutefeu :
- Ce con de prof ne sait même pas que “quant” fait uniquement la liaison avec à ou au.
- Et d’abord il faut l’écrire avec un d, ajoute Boutefeu, pour renchérir.

&

Il n’a pas été possible cette saison de monter l’opéra L’anniversaire de l’infante dans une distribution où se trouvaient pressentis Nabot (dans le rôle du Nain) et Pimprenelle (celui de l’Infante). Ceux-ci ayant demandé la suppression du vers suivant, chanté par l’Infante (“Mais je ne peux aimer qu’un humain, et toi tu es comme un animal”), Messieurs Wilde et Zemlinski s’y sont vigoureusement opposés.

&

La presse nabotienne titre sur cinq colonnes à la une : “Nabot enlevé en plein jour !” et “Incroyable enlèvement de Nabot !” et “L’enlèvement du siècle !”. Les ravisseurs l’ont rapidement renvoyé avec un mot d’excuse : ils l’avaient pris pour un nain de jardin.

&

Lors de sa première rencontre avec le pape, Nabot comptait venir avec Jésus Miracle. Le Souverain Pontife ayant fait savoir par la voie diplomatique que le célèbre illusionniste était persona non grata au Vatican, Nabot a décidé d’emmener Jean-Marie Bigard. Puisqu’il en va ainsi, claironne Nabot, je marcherai sur Rome avec mon ami Bigard : il fera le saint-siège de la ville avec un lâcher de salopes dont le pape se souviendra !

&

On parle de Jean-Marie Bigard pour occuper le poste vacant de ministre de la Culture. Pour l’instant les tractations n’ont pas abouti. Ce sont mes lâchers de salopes ou rien, répète Bigard.

&

Les artistes ayant pris fait et cause pour Nabot par le passé ont tenu à prendre solennellement leurs distances avec le Chef :
- Nous en avons marre de recevoir des tomates pourries dans la gueule à longueur de concert, ont-ils déclaré dans un communiqué commun.

&

Nabot venait de rétablir le droit de cuissage pour son propre usage. De très nombreuses protestations ont contraint le Chef a y renoncer :
- Pour une fois que je m’exerçais à la poésie, se désole-t-il. J’étais pourtant content de ma rime en age. On ne m’y reprendra plus !

&

Auparavant, pour ne rien oublier, une délégation de féministes avait rencontré Pimprenelle pour lui demander des explications :
- J’avais mal compris, s’est défendue Pimprenelle, je croyais qu’il s’agissait de cuissardes. Et comme je comptais en offrir une paire à mon Nabot pour son petit Noël...

&

Baisse sensible du Nabot dans les grandes places boursières. Un communiqué du gouvernement nabotien précise que les bourses du Chef n’ont nullement été éprouvées lors de la mauvaise chute de cheval du week end dernier. Une déclaration cependant insuffisante pour inverser la tendance.

&

Lors d’une représentation de Moïse et Aaron Nabot a fait un vibrant éloge de Raymond Aron, ce “pharaon de la pensée”. Dans un second temps il ajoutait :
- Je ne savais pas que Sartre était juif.

&

Nabot vient d’écrire pour Pimprenelle la chanson Jean Moulin de mon coeur. Un titre suggéré par André Malraux (et non Michel Legrand, comme le prétend une gazette).

&

Depuis que Jacques Chirac n’est plus le Président de la République française, son épouse Bernadette, transformée en dragon, veille sur le trésor des pièces jaunes patiemment accumulées durant douze ans. On prête à Nabot l’intention de se faire appeler Siegfried pour venir lui rendre visite.

&

Le bruit s’est répandu comme une traînée de poudre : Nabot avait disparu dans le tableau L’origine du monde lors d’une visite au Musée d’Orsay. Une information démentie par Pimprenelle au micro de Radio Topinambour :
- Faut pas en faire un monde ! Mon Nabot d’accord, ça le démangeait. Bon il a reculé au dernier moment. On sait quand on entre, mais pour ressortir hein, allez savoir ? Et s’il avait disparu là dedans, à qui s’adresser pour une réclamation ? A Monsieur Courbet, ce communard ? Vous n’y pensez pas !

&

Nabot a fortement recommandé à ses conseillers de prendre à l’avenir des vacances en Nabotie :
- C’est ringard, je le sais, a-t-il ajouté, mais partout où vous alliez, à l’étranger, c’était la Révolution. A croire qu’ils n’attendaient que vous pour la faire. Ça commençait à me gonfler...
En y réfléchissant, cependant, Nabot se demande s’il n’a pas fait une belle connerie.

&

Nabot voulait installer l’un de ses fils à la tête du riche Consortium des Défenses d’éléphant. De vigoureuses protestations l’on conduit à repousser ce projet aux calendes grecques.
- Et avec ce qui se passe en Grèce, c’est mal barré, peste-t-il !

&

Dans une autre vie Nabot s’imagine volontiers en Robin des bois. J’ai plus de seins que Marina Foïs, proteste Pimprenelle !

&

Nabot promet d’épurer le corps des fonctionnaires. A terme ceux-ci devraient disparaître.
- Tu devrais en conserver quelques uns au nom de la diversité des espèces, suggère Pimprenelle.
- Pas bête, répond Nabot. On pourrait créer une réserve de fonctionnaires ouverte au public le week end et les vacances scolaires. Puisqu’ils y tiennent, tous ces cons, à leurs fonctionnaires, ils seraient prêt à mettre le prix pour venir les visiter.

&

En Nabotie le fil à couper le Nabot se trouve indexé sur le prix de la livre de beurre.

&

Nabot n’a pas trop aimé l’utilisation du beurre dans le film Le dernier tango à Paris. C’est un film rance, a-t-il déclaré à la presse.

&

Nabot vient d’être désigné comme Président du jury du prochain Festival de Cannes. J’accepte, a-t-il aussitôt répondu aux organisateurs. Pour ma montée des marches n’oubliez pas le piolet, le mousqueton et les cordes de rappel.

&

Nabot prétend s’être caché dans le wagon de Rethondes pour prendre en photo Hitler et le Maréchal Pétain. D’abord sceptique, Pétain a finalement reconnu :
- La photo ne ment pas.

&

Surdité ou obsession ? Alors que le roi d’un pays voisin lui proposait de prendre un pot, Nabot répondit avec la plus grande véhémence :
- Moi vivant, jamais on ne les augmentera en Nabotie !

&

Ne demandez pas à Nabot d’aller tirer les verres du nez à l’un ou l’autre des grands de ce monde. Quand on est sobre on est sobre, répond-il très sobrement.

&

Lors des ses déplacement en Nabotie, Nabot évite les régions viticoles.
- Quand je bois un verre de vin je dis n’importe quoi, se justifie-t-il.
Et personne pour lui faire remarquer que même sans boire un verre...

&

Chaque automne, lors de la chute des feuilles, Nabot de peut s’empêcher de consulter son miroir.
- Tu n’as rien à craindre de ce coté là, Nabot. Ce ne sont pas tes cheveux qui risquent de tomber.
- C’est quoi alors ?
- La consultation est terminée. Tu n’as qu’à demander à tes sujets ce qu’ils en pensent.

&

Nabot dépose une gerbe sur la tombe du soldat inconnu. A la fin de la cérémonie il interpelle le chef des armées :
- Vous ne pourriez pas faire des recherches dans l’intérêt des familles ?
Son interlocuteur parait surpris :
- Mais... nulle famille ne l’a réclamé...
- Je ne vous ai rien dit. Et puis l’idée vient de Boutefeu.
Il se retourne sur ce dernier :
- Gros malin ! Tu veux me faire passer pour un con !
- Enfin Nabot... la nation est une grande famille.
- Bon, bon. J’aurais pu le lui dire à l’autre. Note moi ça quelque part. Je le sortirai l’année prochaine.

&

Le presse-nabot détrône le presse-purée. La Belle de Fontenay demeure inconsolable.

&

Il fut un temps où l’une des plus grosses fortunes du royaume glissait de temps à autre, par l’intermédiaire d’un intendant, une enveloppe remplie de gros billets à un Nabot encore novice, partisan à l’époque de l’un des prétendants au trône. La scène se passait à l’office. Il en reste quelque chose dans les manières de dire et de faire de Nabot. Il suffit de l’observer.

&

Quand j’entends le mot culture je sors mon Goebbels, pouffe Nabot. Il ajoute dans la foulée : je rigole, hein. Pas tant que ça, pas tant que ça...

&

Pimprenelle s’efforce de dégrossir Nabot. L’intéressé vient de passer de la catégorie des poids coqs à celle des poids mouches.

&

Nabot aime citer le mot de Jean-Paul Belmondo : “Rimbaud ça me boxe ! ”. Cependant, précise-t-il dans un second temps, il y a encore mieux dans le genre : Georges et Maritie Carpentier, ça ce sont des champions !

&

Il n’existe pas de véritable différence entre le jour des Rameaux et le jour de Nabot : dans les deux cas on rame.

&

Les colères de Nabot feraient tourner le lait des femmes enceintes.
- Foutaises, s’est écriée Pimprenelle qui avait mal compris, ce n’est certainement pas avec son lait que je vais me retrouver grosse !

&

Ne dites plus “plaidoyer pro domo” (qui sent la naphtaline) mais “plaidoyer pro Nabot”.

&

Lors du baptême du paquebot Nabotanic par le Chef et Maître on entendit crier :
- Nabotage !
L’auteur du cri, le Capitaine Haddock, testait l’un des nouveaux jurons concoctés par Hergé. Nabot voulut mettre le bouillant capitaine aux fers mais s’apaisa quand on le persuada qu’il s’agissait d’une blague belge.

&

En revanche, concernant Popeye, Nabot s’est montré intraitable. Ça lui apprendra à ne pas respecter la date de péremption des boites d’épinards, a-t-il tranché.

&

Boutefeu a promis à Nabot la capture prochaine de l’ennemi public numéro un. Pimprenelle s’inquiète :
- Mais ton pire ennemi, mon Nabot, c’est toi même !

&

L’une des tuiles du 11 septembre a du tomber sur la tête de Nabot puisqu’on l’entendit fredonner, ce jour là :
- J’ai deux grandes tours dans mon étable...
Un éminent savant nous a conseillé de remplacer “étable” par “retable”. La tuile était-elle bénie ? Nous nous perdons en conjectures.

&

Le jour du 11 septembre, contrairement à son habitude, Nabot reprit une portion de frites. D’où cette culpabilité fort compréhensive :
- Si j’aurais su j’aurais pas repris.

&

Nabot a longtemps cru que la guerre des boutons avait été déclarée par la rougeole. Pour s’amender le Chef a tenu à faire des excuses publiques. Yves Robert les a refusées et Louis Pergaud acceptées. Ce dernier en a profité pour offrir à Nabot son dernier ouvrage dédicacé : De goupil à Nabot.

&

Pergaud m’a abandonnée, s’est plainte Margot. Pimprenelle l’a d’abord prise sous sa protection, puis l’a ensuite rejetée comme une malpropre en apprenant que Margot avait été déflorée par un dénommé Brassens.

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Nabot lit l’histoire de la Fronde :
- C’est nul, ils ne parlent même pas de Thierry la Fronde !
L’un de ses conseillers ayant affirmé que Bunuel en avait fait une adaptation au cinéma, Nabot s’est empressé de le corriger :
- Imbécile ! Le Nazarin de l’histoire il n’est pas espagnol mais italien !

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Nabot a chargé Jean Cocteau de lui trouver un aigle à deux têtes. Le lendemain l’écrivain se présentait en compagnie de Jean Marais. Nabot n’a pas donné suite en raison du coût de l’immobilier dans les troisième et quatrième arrondissements parisiens.

&

Nabot a expulsé une partie des gens du voyage vers la capitale italienne. Certains s’en étonnent. Pourtant le slogan “Les rom’s à Rome” peut être compris d’un enfant âgé de cinq ans.

&

Nabot ne comprend par les dénégations de Berlustucru :
- C’est incompréhensif ! Pourtant les mineurs sont facilement reconnaissables grâce à la lampe qu’ils portent sur le front !

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“Pimprenelle et les sept nains” n’a pas été du goût de l’épouse du Chef :
- C’est encore Jésus Miracle qui joue à multiplier Nabot, râle-t-elle.

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Les Pensées de Nabot souffrent d’être comparées avec celles de Pascal, écrivait récemment un critique. Nabot a aussitôt répliqué :
- Depuis le passage du franc à l’euro Pascal ne vaut plus rien.

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Nabot observe une petite fille jouant à la marelle :
- Dis, fillette, tu m’emmènes au paradis ?
Elle se tourne vers lui, les mains sur les hanches :
- Au paradis ? T’es bien trop petit !
Nabot la toise sévèrement :
- Sais-tu qui je suis ?
Elle lui tire la langue :
- Oui, t’es le roi des ouistitis, et t’as un petit quiqui.
Nabot regarde autour de lui, puis il dégaine rapidement son outil :
- Et ça, petite chipie qu’est ce que tu en dis !
La petite fille répond, dédaigneuse :
- Riquiqui ! Vas plutôt prendre des leçons avec Rocco Siffredi !

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Nabot aimerait comme Saint-Louis rendre la justice sous un grand chêne. Pimprenelle lui conseille, un léger sourire sur les lèvres :
- A la place, mon Nabot, je choisirais le sureau.

&

On a pu lire dans la presse les propos d’un ancien photographe du palais évoquant ses difficiles séances de pose avec Nabot :
- Il bouge tout le temps, je n’arrivais pas à le cadrer.
Piqué au vif, Nabot a répliqué :
- Pauvre con de photographe ! Nullité ! Conard ! Jean-foutre ! Écrivez dans votre journal que moi je ne peux pas l’encadrer ce trou-du-cul !
Le photographe laissa passer l’orage, puis proposa à des municipalités d’opposition un portrait représentant la tête de Nabot réduite au front et aux cheveux en bas du cliché. Devant la menace de poursuites judiciaires aucune des municipalités contactées n’avait à ce jour affiché ce portrait très officieux en mairie.

&

Apprenant que les bergers landais se déplaçaient sur des échasses, Nabot envisageait de se faire nommer roi des Landes. La royauté landaise n’étant pas à l’ordre du jour le Chef a refusé dédaigneusement le titre de Grand Échassier qu’on lui proposait à la place.

&

On ne jette pas la Manche avec la cognée, vient de déclarer Nabot. La diplomatie britannique examine très soigneusement cette déclaration.

&

Lu dans le journal de Nabot (à la page du jour) : “Ces cons peuvent toujours dire que je suis inculte, au moins je ne pratique qu’une seule religion”.

&

On rapporte le mot suivant de Nabot, alors âge de trois ans. Installé sur son pot de chambre il aurait lancé à la cantonade :
- Quand je serai grand je chierai de l’or.
Il n’est pas certain que le jeune Nabot se soit exactement exprimé dans ces termes, mais ce propos traduisait certainement une certaine tendance déjà chez l’enfant.

&

Nabot aime tout ce qui brille. La pie également. Alors un Nabot en queue-de-pie....

&

Bien entouré des gorilles qui composent son service d’ordre, Nabot se permet d’apostropher et de provoquer les dénigreurs et autres grévistes :
- Vient me répéter ça si t’es un homme ! Lavette ! T’as les foies, hein !
Il ajoute en s’adressant à ses gorilles :
- Des forts en gueule, mais à distance raisonnable. Devant moi ils s’écrasent.

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Jacques Brel disait que pour s’endormir il comptait les Marouani. Aujourd’hui il compterait les amants de Pimprenelle pour trouver le sommeil.

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Au pays des pharaons on évoque devant Nabot le tournage des Dix commandements.
- D’accord, votre Cécil B. de Mille savait manipuler des milliers de figurants. Moi ce sont des millions que j’ai amené à l’isoloir, pour ma pomme. Il n’y a pas photo.

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Nabot roule en vélo en compagnie d’un ancien champion cycliste.
- T’arrives à atteindre les pédales, lui lance un loustic ?
Commentaire de Nabot :
- Ce conard a de la chance que nous roulions à plus de trente km/h. Sinon je l’aurais poursuivi devant les tribunaux pour homophobie.

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Cette photo n’a nullement été floutée. Non, tout simplement Nabot bougeait.

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Nabot vient de lire sur une banderole : “Il y a trop d’étrangers dans le monde”.
- Pour une fois je suis d’accord, dit-il en se retournant vers Boutefeu.
- Et plus encore en Nabotie, renchérit celui-ci.

&

Jésus Miracle voudrait rendre son tablier :
- J’en ai assez de vos multiplications. Je commence à saturer. Et puis vous savez vous débrouiller tout seul le cas échéant. Vous ne voyez pas ? Par exemple, vous n’avez pas fait appel à moi pour tripler votre salaire.
- Certes, répond Nabot.

&

Au Vatican, Nabot et Pimprenelle découvrent les fresques de l’appartement du pape Jules II.
- Ce Raphaël est vraiment nul, dit-il à la fin de la visite, tu as bien fait de le plaquer.

&

Nabot aime tâter, palper ou étreindre les personnages importants qui s’affichent à ses cotés (ou plutôt aux cotés de qui il s’affiche) lors des manifestations officielles :
- Avec lui, s’interroge l’un d’eux, on ne sait jamais s’il veut vous peloter ou vous piquer votre portefeuille.

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Place du Panthéon Nabot découvre l’existence d’un Hôtel des grands hommes :
- Quoi ! De la discrimination négative ! Débaptisez moi ça vite fait !

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Nabot couvre la police. Dans certaines sphères policières on négocie à la hausse le nombre de bavures autorisées.

&

Nabot a interdit aux policiers de jouer au football avec les jeunes barbares des cités. En revanche il recommande aux premiers de se servir des seconds comme punching ball.

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Au marché de Brive-la-Gaillarde le kilo de Nabot vaut son pesant de mansarde.

&

Il est Nabot moins une. Presque l’heure du couvre-feu.

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En Nabotie les électeurs votent avec un cerveau formaté par la Première chaîne privée et coca-cola.

&

Nabot vient d’être coté en bourse :
- Les miennes sont pleines, remarque-t-il. C’est pas comme les caisses de l’État.

&

Nabot retient au téléphone une suite dans un palace de Baden Baden :
- Au cas où Mai 68 reviendrait.

&

On croyait Nabot parti pour Baden Baden. En réalité il était tombé dans l’une des bottes de sept lieues du général de Gaulle et n’arrivait plus à remonter.

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Nabot rencontre Louis XIV :
- Mais nous sommes presque de la même taille ! Comment faites vous, mon cher Louis, pour paraître si grand ?
D’après un historien Louis XIV aurait répondu :
- Ôtes toi de mon soleil couchant.
Un autre historien pencherait pour le soleil levant. Mais tous deux sont d’accord pour affirmer que le soleil n’était pas à son zénith lors de cette rencontre.

&

Nabot laisse entendre qu’il serait l’un des lointains descendants du peintre Le Nain. Pimprenelle parait dubitative :
- Je ne l’ai lu nulle part.
- Et tu crois tout ce que tu lis ?
- Non mais...
- Alors l’eus tu lu quelque part, il y aurait de fortes chances pour que ce soit faux.

&

L’ancien roi, dit “le Sphinx”, encore appelé le prince de Solutré, aimait les grands vins de Bourgogne et du Bordelais. Le roi précédent appréciait immodérément la bière mexicaine. Avec Nabot (soutenu par Boutefeu) c’est : “Vichy pour tout le monde ! “

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Chaque année, le jour de la Sainte-Racaille, Nabot et Boutefeu se payent une partie de tir aux pigeons. Pour l’occasion les effigies des volatiles sont avantageusement remplacées par des portraits de jeunes barbares des cités.

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Les pauvres bien propres sur eux, dociles, obéissants, travailleurs, respectueux des institutions, défenseurs de la loi et l’ordre, et prêts à dénoncer les voyous qui font régner la terreur iront au paradis. Aux autres Nabot promet l’enfer.
- Et rien au purgatoire, s’étonne Pimprenelle ?
- Il n’y a pas de place. C’est comme pour les logements sociaux ou les établissements pour peine, faut patienter plusieurs années.

&

Nabot est content. Il a enfin compris ce que signifiait l’expression “l’enfer pavé de bonnes intentions” en regardant à la télávision la retransmission de Paris-Roubaix.

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Devant l’ampleur de la déroute électorale dans les provinces de Nord, les conseillers de Nabot s’arrachent les cheveux :
- Continuez comme ça, vous finirez par ressembler à Gad Merad. Et là je vous promets la reconquête.

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Nabot aime raconter l’histoire suivante au vieux chanteur :
- Tu sais, j’étais étudiant en ce temps là. Je commande à manger dans une brasserie, un plat rapide. En même temps j’entendais l’une de tes chansons en provenance d’un juke-box. Le garçon m’a alors apporté quelque chose de jaune, du genre indéfinissable, dans mon assiette. Je lui ai dit : “J’ai pas commandé un Hamlet, mais une omelette”. Elle est bien bonne, hein !
Tous deux rient, même s’il ne s’agit pas nécessairement du même rire. Cette histoire n’est jamais arrivée à Nabot. On le lui a racontée. D’ailleurs le vieux chanteur l’a déjà entendu une bonne vingtaine de fois, et pas toujours de la bouche de Nabot. Avec Nabot il rit, bien évidemment. C’est le prix à payer pour se faire pardonner une évasion fiscale. Mais avec d’autres, c’est moins sûr.

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Affirmer que Nabot n’a pas d’adversaires à sa taille relève d’un humour très involontaire. Ceci dit ce n’est pas faux.

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Un court métrage tourné au Salon de l’Agriculture a mis en valeur les talents d’improvisateur de Nabot. Les américains envisageraient d’en faire un remake avec Tom Cruse dans le rôle du Chef.

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Tout le monde ne peut pas être riche, affirme Nabot. Comme le disait Léon Bloy : “Je plains ceux qui ne sentiraient pas la beauté de cette sentence”.

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Nabot vient de faire le don de sa bibliothèque à l’État. Mais comme elle est virtuelle...

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Nabot aurait volontiers pris Harry Potter dans son gouvernement. Mais l’exemplaire adressé venant de Troyes, Nabot l’a immédiatement renvoyé dans l’Aube quand il réalisé qu’on le trompait sur la marchandise.

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L’expression “dérouiller Nabot” est passible d’une lourde peine de prison. Seule exception à la règle : lorsqu’il s’agit d’un membre de la famille.

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Le sang de Nabot abreuve les sillons discographiques : “Tiens, voilà du boudin... “.

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Tirer Nabot par la queue ? Le diable n’y est pour rien. Pour les réclamations s’adresser à Pimprenelle.

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On annonce le prochain tournage de Gueule de Nabot. Jean Gabin rempile pour l’occasion. On se demande cependant si Gabin sera la gueule de ce type d’emploi. Parce qu’aujourd’hui c’est plutôt l’emploi qui fait la gueule.

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On ne sait toujours pas qui Nabot désignera pour prendre la direction de la Villa Médicis. Consulté, Benino Mussolini aurait proposé Alexandre Jardin :
- J’ai bien connu son grand père. Nous faisions des parties de nain jaune.

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Nabot vient de nommer le Père Ubu ambassadeur en Pologne. On insinue dans certains milieux que cet éloignement favoriserait un rapprochement du genre adultérin entre Nabot et la Mère Ubu (restée en Nabotie en raison de son aversion pour les polonais en général et les palotins en particulier). Pimprenelle a démenti catégoriquement :
- C’est faux et archi-faux ! Et puis d’abord mon Nabot il déteste les femmes à moustache.

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Nabot traverse ostensiblement dans les clous. Mais sitôt que chacun a le dos tourné il s’en balance :
- Des clous, ricane-t-il, le bras d’honneur en bandoulière.

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L’impopularité de Nabot devient telle qu’il n’ose plus sortir en public. S’en ouvrant au vieux chanteur celui-ci l’a conseillé en ces termes :
- Faut les faire payer ! Mon public à moi, il raque, et cher ! Plus il raque et plus il m’aime.

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En voyage au pays des pharaons Nabot s’est souvenu du mot de Napoléon. C’est du moins ce qu’il a prétendu devant la presse. Le lecteur appréciera :
- Soldats, moi qui vous contemple je vous dis ceci : la valeur n’attend pas le nombre des annuités nécessaires pour obtenir une retraite de la Sécurité Sociale.

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Lors d’un séjour officiel à Moscou Nabot aurait demandé au Tsar :
- La retraite de Russie, c’est à quel âge chez vous ?

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Nabot voudrait repeindre l’arc en ciel avec les couleurs du drapeau nabotien, quadricolore. Des scientifiques s’efforcent de lui faire comprendre que le contraire serait davantage envisageable. Mais Nabot n’en démord pas :
- Vous avez plus l’esprit de contradiction que scientifique, leur lance-t-il.

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Depuis que la télévision s’est mise à la couleur les emportements de Nabot sont diversement décrits en Nabotie. L’un évoque le Chef “rouge de colère” quand l’autre le dépeint “vert de rage”. Voire même, la fureur de Nabot étant à son comble, “blanc comme linge”. Nous retrouvons ainsi trois des couleurs du drapeau nabotien. Nul pour l’instant n’a encore associé la couleur restante, le noir, à l’une des manifestations colériques de Nabot. La mort, peut-être...

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Nabot vient de découvrir un nouveau mot dans le dictionnaire. L’occasion pour lui de le placer dans la moindre conversation. On l’entendit discourir devant un souverain étranger:
- Vous voulez parler de vos impedimenta ? Les miens je les fous en tôle. Ça leur apprendra à mal parler.

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Selon une autre source, Nabot aurait proposé à ce même souverain, lors d’une réception au palais nabotien :
- Je vous conseille les impedimenta. Mon cuisinier les a préparé à votre intention. Ils sont excellents.

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Nabot vient de se casser la figure. Il convoque illico le grand géographe :
- Je trouve la terre trop basse. Faites quelque chose où vous aurez affaire à moi !

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Nabot aime rire à ses heures. Il affectionne les saillies de Sully Morland, l’humoriste officiel de la Nabotie :
- Labourage et pâturage étaient jadis les deux mamelles de la Nabotie, susurre-t-il à l’oreille de Pimprenelle.
- Labourage et papotage étaient encore hier les deux mamelles de la Nabotie, poursuit-il en changeant d’oreille.
- Labourage et pelotage sont aujourd’hui les deux mamelles de la Nabotie, ajoute-il en joignant le geste à la parole.
Nous ne pensons trahir aucun secret d’état en ajoutant que Pimprenelle apprécie très modérément l’humour de Sully Morland.

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Nabot lit une gazette.
- Mais mon Nabot, s’exclame Pimprenelle, tu lis le journal à l’envers !
Elle s’attire cette cinglante répartie :
- Sotte ! Tu ne sais donc pas que les messages codés se déchiffrent à l’envers ?
Piquée au vif elle réplique :
- C’est nouveau ça. J’en ai jamais entendu parler.
Nabot hausse les épaules :
- Bien sûr que c’est nouveau, je viens d’en avoir l’idée à l’instant. Ne m’interrompt plus s’il te plaît.

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Chaque Saint-Nabot toutes les cloches de Nabotie sonnent à l’unisson sur le coup de midi. Mais elles restent muettes le jour de l’anniversaire du Chef. D’aucuns murmurent que Nabot l’interdit pour ne pas s’entendre rappeler qu’il vient de prendre une année supplémentaire.

&

De mauvaises langues font courir le bruit que Nabot aurait un pied-bot.
- Je la leur couperai, s’étrangle-t-il de colère !
- Quoi, s’inquiète Pimprenelle ?
Nabot se gratte un moment le menton, signe chez lui d’une profonde perplexité :
- La jambe, bien évidemment.
- Cela m’en fait une belle, s’exclame Pimprenelle !
C’est au tour de Nabot de s’inquiéter :
- De quoi ?
- Mais de langue, mon Nabot !

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Nabot vient d’être pour la troisième fois victime d’un attentat pâtissier. D’après les prélèvements effectués l’arme du crime proviendrait d’une pâtisserie située Outre-Quiévrain, donc en dehors de la juridiction nabotienne. Par mesure de rétorsion Nabot signait le lendemain un décret interdisant la fabrication et la vente de frites sur le territoire nabotien. Ceci assorti d’une demande d’extradition envers le criminel entarteur. Le royaume d’Outre-Quiévrain lui répondait rapidement que l’entarteur désigné étant l’un de ses sujets il n’y avait pas là matière à extrader.
- Zut, réalise Nabot, je voulais dire extravadition !
- Mais Chef, ce mot ne figure pas dans le dictionnaire.
- Je le sais triple buse ! Caser moi le vite fait, avec une définition adéquate !
Nous en resterons là. Au prochain attentat pâtissier nous craignons que Nabot ne se saisisse de ce prétexte pour déclarer la guerre au petit royaume d’Outre-Quiévrain.

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Nabot prend sa température.
- Tu as de la fièvre, s’inquiète Pimprenelle ?
- Comme dans le film de Beneix, répond-il en consultant le thermomètre.
- Moins qu’à El Pao, alors, remarque-t-elle.
- Faut-il que j’ajoute le nom de Gérard Philippe à la liste de tes amants, grince Nabot ?

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Nabot prend la mouche. Au sens propre, précisons-le, puisqu’il vient de choper celle qui s’attardait sur son steak tartare.
- Propre ? C’est sale une mouche ! Relisez-vous avant d’écrire des inepties !

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On vient de retirer des librairies un ouvrage intitulé Les malheurs de Nabot.
- Ce n’est pas de la censure, se défend Nabot. Mais comme Sophie protestait, en parlant de concurrence déloyale, j’ai fait pour le mieux.

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Ses conseillers ont finalement dissuadé Nabot d’interdire à la fête foraine les jeux de massacre à l’effigie du Chef. Il vaut mieux que les gens se défoulent sur l’image de Nabot dans une baraque foraine plutôt que de le faire dans la rue, les facultés et les entreprises, avec le risque d’entraîner un mouvement social, ont-ils argumenté. Et puis, a cru bon ajouter l’un des conseillers, les balles passent régulièrement au dessus de votre tête. L’intéressé n’a toujours pas compris pourquoi il avait été limogé sur le champ.

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Nabot entend éradiquer la prostitution. Lors du dernier Conseil le lapsus de Nabot (“éraniquer la prostitution”) n’a pas véritablement convaincu ses interlocuteurs de l’entière bonne volonté du Chef.

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Dans les cours de récréation des écoles nabotiennes les enfants jouent à saute-nabot. Ceci n’a rien à voir avec la nomination par Nabot de Panurge comme ministre de la Grégarisation sociale.

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Normalement le mot “nabotisme” aurait du se retrouver dans le nouveau dictionnaire. Une querelle de spécialistes initiée par le collège des provinces de l’est, lequel discute sur la signification du mot, retarde encore cette admission.

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Nabot oblige les directeurs des journaux télévisés de programmer à la une de leurs éditions quotidiennes le fait divers du jour, quelque soit son importance. Nous serions tenté décrire “fait d’hiver” puisque pour la période estivale Nabot contraint ces mêmes rédactions à consacrer leurs unes aux vacances heureuses des nabotiens.

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Marc-Édouard Nabe estime que Nabot lui fait du tort. A l’entendre le Chef lui piquerait quelques unes de ses idées. Finalement reçu par Nabot, Nabe, entre deux doléances, a essayé de plaider la cause de Céline. Il lui fut répondu que Céline n’était assurément pas la meilleure chanson d’Hugues Auffray. Depuis Nabe se demande si Nabot est un indécrottable crétin ou si le Chef s’est tout simplement foutu de sa gueule.

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Il paraîtrait que les photos déshabillées de Pimprenelle qui circulent sous le manteau seraient l’une des causes de la hausse de la natalité en Nabotie. Ce sont un peu mes enfants, constate Nabot.

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En période estivale, faute de pouvoir circuler sous le manteau, les photos déshabillées de Pimprenelle sont saisies. La police ne tient pas à communiquer sur le nombre de photos ainsi soustraites à la population nabotienne.

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Devant l’impopularité croissante de Nabot les barons du naboland pressent le Chef d’engrosser Pimprenelle. Rien ne ferait tant plaisir au peuple que la venue d’un enfant, lui explique-t-on, et cela permettrait ainsi de reconquérir l’opinion publique. Pimprenelle n’y est pas opposée à condition que l’enfant à naître puisse succéder un jour à Nabot sur le trône de Nabotie. Le Chef hésite : il ne voudrait pas léser ses autres enfants, nés de lits différents. Un argument cependant le déciderait en faveur de Pimprenelle : cela repousserait encore à plus tard l’éventuelle succession.

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Nabot craint de plus en plus la mort. Il s’est décidé à consulter une voyante. Celle-ci l’a rassuré en prédisant :
- La faux passera par-dessus votre tête.
Une autre question le taraude maintenant : est-il immortel ?

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Contrairement à ce que croit généralement le bon peuple nabotien, la poule au Nabot désigne un plat traditionnel très apprécié des fins gourmets et non l’épouse du Chef.

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L’attribution des Nabots d’Or (et d’Argent et de Bronze) ne mobilise plus le ban et l’arrière ban des faux artistes et des vrais arrivistes comme au temps de la gloire de Nabot. Dans le domaine de la variété la situation devient préoccupante sachant que tout soutien affiché en faveur du Chef peut aujourd’hui ruiner une carrière. Le Comité d’attribution des Nabot d’Or se trouve aujourd’hui dans l’obligation de racler les fonds de tiroir. L’appât d’un repas en compagnie du couple royal ne fait même plus recette car selon une rumeur persistante Nabot postillonnerait. A ce jour seul un cocher blanchi sous le harnais (auteur d’un 45 t du temps où l’on vendait le vin dans des bouteilles d’un litre) n’a pas décliné l’invitation.

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Le dernier slogan du syndicaliste menuisier Rabot (“Ras le bot de Nabot”) a été vivement critiqué dans le naboland. Nabot joue les dédaigneux :
- Pff... c’est de la langue de bois.

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Pour se ménager l’électorat catholique Nabot assiste depuis le début de l’année à la messe du dimanche matin. Cette piété se limite pour l’instant aux offices : Nabot n’a pas encore franchi le seuil d’un confessionnal. Il a fait savoir par voie de presse que seul le pape était habilité à entendre le récit de ses turpitudes. Mais Nabot ne compte pas pour autant apprendre le latin, l’italien, le polonais ou l’allemand. Ce sera en nabotien ou rien, proclame-t-il.

&

Nabot se rend toujours en grande pompe aux cérémonies de la fête nationale nabotienne. Mettez le au pluriel, corrige-t-il un journaliste, sinon vous sentirez le bout de ma pointure dans le bas de vos mollets.

&

Nabot ne rate jamais l’une des étapes du Tour de Nabotie cycliste :
- Vous êtes les rois de la petite reine., et moi je suis le roi de la grande reine, l’entendit-on plaisanter.
En verve ce jour là Nabot précisa à l’un de ses interlocuteurs qu’il en connaissait un rayon, question cyclisme.
Cette belle journée fut malheureusement ternie, l’étape terminée, par l’annonce de la fermeture de la seule usine de cycle de la Nabotie.
- C’est la fin du cycle alors, demanda Nabot ?
- Non sire, la fin d’un cycle.
Ce qui mit Nabot en colère :
- Pas de finasserie avec moi ! Je ne suis pas Louis XVI et vous n’êtes pas Necker. Compris !
Pimprenelle, présente, ajouta :
- Pourtant être Marie-Antoinette m’aurait plu. Mais la fin est trop triste. Adieu veaux, vaches, couvées... et bonjour guillotine !

&

Cette année, exceptionnellement, le Tour de Nabotie ne passera pas par le Banon d’Alsace ont déclaré les organisateurs. Nabot a aussitôt ordonné une enquête. En réalité on avait fait pression sur l’organisation de la grande boucle. Nous citons cet extrait du document remis à Nabot par les enquêteurs : “J’ai refusé catégoriquement que le prince de Sarcelles en 2003 me monte. Alors je ne vais pas autoriser une centaine de cyclistes à me grimper dessus ! Ça va pas la tête ! “

&

La proposition du groupe nabolandais de la capitale de rebaptiser la “Place des Vosges” du nom de “Place Tristane Balon” n’a pas été acceptée par la majorité du conseil. Le président du groupe ne décolère pas :
- Il y a pourtant plein de banons dans les Vosges, s’insurge-t-il !

&


Depuis qu’il lit (ou lirait) Nabot a abandonné ses quotidiennes parties de petits chevaux en compagnie de Boutefeu.
- Vous me délaissez, se plaint ce dernier.
- Ne fais pas tant de foin Boutefeu, garde le pour tes chevaux.
Informée, une gazette ne désigne plus le chef de la police que sous l’appellation “l’homme de foin”. La preuve qu’il n’est nullement “l’homme de paille” que d’aucuns prétendent.

&

Nabot vient de faire arrêter Jésus Miracle. Il est reproché à ce dernier d’avoir voulut enivrer la population nabotienne en transformant l’eau en vin. Nabot rend visite au prisonnier :
- Tu sais ce qui est inscrit au fronton des édifices nabotiens ?
- Oui : naboté, propreté, sobriété.
- Sobriété, hein ! Et tu comptes t’en tirer à bon compte ? Saboteur, corrupteur de la jeunesse, ivrogne, soûlard !
- Hé hé Nabot, je ne suis pas Bacchus !
- C’est du pareil au même.
- Mais vous ne comprenez rien ! Relisez les évangiles : ceci est mon sang, nom de dieu !
- A d’autres ! La Bathory m’a déjà fait le coup. Et c’était pas le sien !

&

Comme il fallait s’y attendre Nabot par Nabot figure cette semaine largement en tête des meilleures ventes de livres en Nabotie. Il est vrai que la critique, puis le public n’ont pas encore eu de réponse à la seule question méritant d’être posée : qui l’a écrit ?

&

Jack Lang se présente à une petite annonce.
- Que savez vous faire, lui demande Nabot ?
- Tout, mon chez Nabot. La fête de la musique, c’est moi. L’espoir de la jeunesse, c’est encore moi. Le zénith de la culture, c’est toujours moi. Je sais communiquer. Je redonne de la confiance. Je suis l’homme que vous attendez.
Nabot réfléchit un moment :
- Bon, la langue de vipère est déjà prise du coté de Meaux. Pour la langue comme je les aime Pimprenelle s’en acquitte. La langue fourchue revient naturellement aux paysans. La langue de veau finit dans mon assiette. Et la languedoc est de sexe masculin. Il ne reste que la langue de bois. Elle est déjà pourvue mais comme il y a tant à faire vous ne serez pas de trop.
- Écoutez je suis Jack Lang, vous comprenez, Jack Lang. Le...
- C’est la langue de bois ou rien. A vous de voir.
- C’est vu. J’accepte votre proposition, mon cher Nabot. Je m’enthousiasme déjà...

&

André Gide avoue avoir écrit La porte étroite en pensant à Nabot. Il ne m’est guère reconnaissant, se plaint l’écrivain, on ne me lit quasiment plus en Nabotie. Nous ferons juste remarquer à Gide que le titre La porte basse aurait été plus approprié. Ceci n’a pas de véritable importance puisqu’il parait avéré que Nabot ne connaît pas plus l’existence de La porte étroite que celle d’André Gide.

&

La plume de Nabot nous informe que dans le dernier discours du Chef figure une citation de Quand le grain meurt d’André Gide (nous rectifions, le titre exact étant Quand le grain ne meurt ). Un propos aussitôt démenti par Nabot :
- Avec moi le grain ne meurt jamais ! De quoi j’aurais l’air devant ces cons de paysans !

&

Henri IV demandait à chaque français de sacrifier au moins une fois par semaine au rituel culinaire de la poule au pot. Nabot veut généraliser à tous les jours de la semaine la présence dans les foyers nabotiens d’un nain de jardin.

&

Comme le disait récemment Pimprenelle à Tante Yvonne :
- On pourrait tailler dans le costume du Général une trentaine de justaucorps pour mon Nabot. Et après on dira que nous ne faisons pas d’économies !

&

Nabot cultive son jardin.
- Mon Nabot est un candide, commente Pimprenelle, il confond Parmentier et Voltaire. Un jour je lui avais donné rendez vous à Parmentier... monsieur m’attendait à Voltaire. C’est malin ! D’autant plus que ces deux stations de métro ne sont pas sur la même ligne.

&

Nabot et le pape ont finalement trouvé un compromis : “Notre Nabot qui êtes au pieu” remplacera donc “Notre Nabot qui êtes aux cieux”. Pimprenelle parait soulagée mais craint que cela ne reste à l’état de voeu pieu.

&

Nabot n’a pas bien compris les explications d’un psychiatre :
- Je ne sais pas pourquoi ils enferment les fous à chaud ? A moins qu’ils fassent ensuite comme pour l’huile d’olive, en les sortant à froid.

&

Nabot lit à haute voix une gazette :
- J’ai voulu relever cela parce que c’est un monsieur âgé et je crois qu’il vaut mieux soulever le lièvre quand il est vivant.
Il se tourne alors vers Pimprenelle :
- C’est envoyé, hein ? Le mec qui a dit ça j’en ferais volontiers mon ministre de la désinformation;
- Ou un général des jésuites, mon Nabot.

&

On vient d’évoquer devant Nabot un ouvrage où il est question de l’histoire avec sa grande hache :
- J’hachette !

&

Nabot reconnaît avoir des difficultés à trancher en ce qui concerne les deux Jeanne nationales :
- Bon, Jeanne Darc je la préfère comme actrice, surtout dans les films de Lautner. Parce que comme musicienne, c’est pas folichon : elle ne connaît que les trois premières notes de la gamme. Jeanne Achète, elle, en remontrerait à Tapie lorsqu’il rachetait des entreprises pourries. Mais comme je lui disais l’autre jour : faut vendre aussi ma petite, si tu veux faire un bénef il te faudra bien vendre un jour !

&


Le Petit Prince vient d’être puni pour avoir intitulé sa dernière rédaction “Vol de Nabot”.
- Voler c’est déjà pas beau, sermonne l’instituteur, et en plus tu ne l’as même pas remis en place.
- Excusez, proteste le Petit Prince, je n’ai pas écrit “Emprunt de Nabot”, faut pas confondre !

&

Nabot prend des cours de mythologie grecque. Sortant de l’un d’entre eux il croise Jésus Miracle. Tous deux discutent.
- Je vous assure Nabot, je suis capable de fumer six clopes à la fois !
- Mon oeil !

&

Nabot aurait aimé prendre Nana comme maîtresse. Mais sa tentative n’a pas été couronné de succès : la donzelle l’ayant éconduit sans trop de ménagement. Puisque c’est comme ça, fulmine Nabot, j’accuse Zola de proxénétisme !

&

Nabot rencontre Geneviève de Fontenay :
- Vous ne travailleriez pas du chapeau vous, l’apostrophe-t-il ?
-- C’est parce que je ne me suis pas découverte devant vous, Nabot, que vous me parlez sur ce ton ?
- Pour la découverture envoyez moi une de vos miss. Et je ne vous cause pas du toit. Vous m’avez compris.

&

Au supermarché Nabot découvre les dés de lardon.
- Ils ont oublié de graver les six chiffres. Ils prennent vraiment les mioches pour des cons !

&

Nabot vient d’acheter des haltères. Depuis il passe et repasse sous la barre.
- C’est pas difficile, dit-il à Pimprenelle, il faut juste courber la tête. Mais je n’ai pas encore essayé de marcher sur la barre.
Pour ce faire, Nabot convoque Jésus Miracle.
- Je ne suis pas funambule, proteste ce dernier.
- Mais tu marches bien sur l’eau.
- C’est pas pareil. Je ne marche pas sur un fil.
- Et au fil de l’eau, illusionniste de mes deux ! Tu te défiles, hein ?

&

Nabot et Pimprenelle se sont rencontrés au parc Astérix : Obélix s’étant chargé des présentations. On prétend que Nabot avait avalé juste avant la rencontre un grand bol de potion magique.

&

Deux jours plus tard, Nabot et Pimprenelle passaient une première nuit ensemble. Le lendemain matin, durant le petit déjeuner, Nabot s’enquit, un air entre deux airs :
- Il parait que tu as couché avec tous mes sujets, ou presque.
- Ô mon roi ! Pas tous, loin de là !
- Tu as eu M...
- Il est étranger.
- D..., est nabotien lui.
- Aucune femme de Nabotie ne refuserait ce grand acteur.
- Et G...
- Un chanteur prometteur. La suite l’a prouvé.
- Bon, L..., alors.
- Un futur maître du barreau. On le dit votre ami.
- S..., n’est ce pas.
- Un homme influent.
- Et R...
- Son fils. Promis à un bel avenir. Un prince de la philosophie.
- Bon d’accord. Je veux bien. J’accepte même. Mais T..., franchement ! Ce T... ! Là, je ne comprends plus ! Ce T..., merde !
- Ô mon roi ! Si vous saviez à quel point il vous est attaché !

&

Nabot hésite entre les gaulois et les romains. Plus précisément entre le versant Gétorix et le versant César. Le second l’a finalement emporté. On avait fait auparavant remarquer à Nabot que le premier s’avérait fautif.
- Entre sans et saint il y a quand même une différence, gronde-t-il.

&

Nabot vient de confisquer “sa” pomme à Maurice Chevalier.
- Vous vous en prenez à ma personne Nabot ! Ma pomme, c’est moi, ah ah ah...
- Je te la rendrai si tu me chantes Ça sent si bon la Nabotie.
- Je ne savais pas que vous étiez occupé. Je vous la chante façon Vichy ?
- Pour ça, tu vois avec Boutefeu.

&

Pimprenelle est jalouse de Mimie Mathy :
- Si tu continue d’aller la voir, je te réserve un chien de ma chienne !
Nabot répond, conciliant :
- Tu n’as rien à craindre, j’ai répudié Joséphine il y a un paquet d’années.
Puis, changeant de ton :
- Réserve moi plutôt une chienne de ton chien ! Marie-Louise va !

&

Nabot s’exerce au lancement du javelot.
- Mais tu le tiens à l’envers, s’étonne Pimprenelle, la pointe doit être à l’avant.
- Je le lance à la Boby, ignorante !
- Toi, depuis que tu as été en Angleterre tu fais tout de travers !

&

Nabot vient de nommer Droit dans ses bottes à un important poste de responsabilité. Il s’en explique :
- Parce qu’il a du cuir, et surtout de la bouteille.
Un vrai compliment si l’on sait que Nabot ne boit pas une goutte de vin.

&

Il fut un temps où Nabot déroulait le tapis rouge sur les pieds du Tyran de Tripolitaine :
- J’y suis pour rien ! Le tapis vert était déjà retenu par le roi du billard.


&

Nabot a ordonné que l’on efface des archives photographiques toute trace du Tyran de Tripolitaine reçu en grande pompe quelques années plus tôt en Nabotie lors d’un séjour fastueux et dispendieux. On a demandé à Nabot, en lui présentant l’une des photos, s’il fallait également faire disparaître la tente imposante sous laquelle dormait le Tyran de Tripolitaine. Le Chef a hésité un moment, puis a décidé :
- Non gardez là. Mais ajoutez un grand panneau avec l’inscription “Pyramide du Louvre” à l’entrée de la tente.

&

Le plus délicat consistait à supprimer le Tyran de Tripolitaine dansant le slow avec Pimprenelle sur l’une des photos. On lui a finalement substitué un serpent de belle dimension.
- Ouf, constate Nabot, comme ça on ne risque pas de le confondre avec la vipère de Meaux.
Pimprenelle, elle, fait la moue :
- Il avait les mains baladeuses le Tyran, d’accord. Mais là, franchement, puisqu’on a supprimé les bras, ils auraient pu mettre à la place de ce serpent la Vénus de Milo !

&

Par ailleurs, toujours durant ce fameux séjour, Nabot avait arraché in extremis Jésus Miracle des griffes du Tyran de Tripolitaine. Celui-ci voulait nommer l’illusionniste conseiller spécial à la multiplication des puits de pétrole.

&

Nabot, qui tenait là le marché du siècle, pas encore signé, s’était efforcé de fermer les yeux lorsque Pimprenelle rejoignit le Tyran de Tripolitaine sous sa tente.
- Et à dos de chameau, en plus, expliqua-t-elle le lendemain !
- C’est toujours mieux qu’à dos de dromadaire, risqua imprudemment Nabot.

&

Avant le départ du Tyran de Tripolitaine, Nabot lui demanda l’autorisation de se servir de son tapis volant.
- T’en ferais quoi ?
- J’irai jusqu’à la caverne d’Ali Baba.
- Tu connais le mot de passe ?
Nabot réfléchit :
- C’est quelque chose comme... gauguin ouvre toi... ou matisse ouvre toi... Merde, je ne m’en souviens plus !

&

Lors d’un dîner en ville, on évoque devant Nabot l’abbé de Renel, surnommé à cause de sa longue figure “un grand serpent sans venin”. A la fin du repas Nabot prend discrètement à part le maître de maison :
- Dites, il n’y aurait pas moyen de faire un échange ? Vous me cédez cet abbé de Renel et je vous livre clefs en main la vipère de Meaux.

&

Durant ce même dîner en ville, Nabot, à qui l’on demandait ce qu’il pensait de l’attitude de M. de l’Avejan, chef des mousquetaires sous la régence (lequel, ayant reçu l’ordre de mâter la canaille dans l’une des provinces du royaume, tint sur place ce discours : “Messieurs, mes ordres portent de tirer sur la canaille. Je pris donc les honnêtes gens de se retirer, avant que j’ordonne de faire feu”, et tous ainsi prévenus de décamper comme un seul homme), Nabot donc ne répondit pas de suite, pesant le pour et le contre, se demandant dans quelle mesure on entendait le piéger. Comme on attendait sa réponse il haussa finalement les épaules en disant :
- De toute façon, je ne fais tirer que sur la racaille.

&

Nabot relit en se bidonnant le dialogue suivant, concocté par l’un des humoristes les plus en vue de la Nabotie :
- Charles, magne toi, tu vas encore rater l’école !
- Oh, la barbe !
En revanche il n’a pas saisi la finesse de celui-ci :
- Hugues, ferme ton clapet !
- Et toi, ôte moi cet aile ! Avec, j’ai l’air d’un con !
Y découvrant dans un second temps une faute d’orthographe, Nabot triomphe :
- C’est pas incompréhensif, c’est tout simplement mauvais !

&

Nabot tient formellement, voire solennellement à démentir la rumeur selon laquelle il serait le fils du Père Ubu :
- Avec sa gidouille ! Et plus encore la carrure de la Mère Ubu !
Pimprenelle n’en croit rien :
- Ta ra ta ta, mon Nabot. Tu es le fruit d’une union adultérine entre le Père Ubu et Lily Pute.

&

La minceur s’impose aux barons et baronnes du naboland. Nabot y veille personnellement. Il parait plus difficile de l’élargir (sic) à l’ensemble des nabotiens, où l’embonpoint et l’obésité sont choses courantes.
- Baissons sensiblement les salaires et revenus, comme ça ils boufferont moins, tranche Nabot en Conseil.
Un conseiller ayant fait remarquer au Chef que l’embonpoint et l’obésité sévissaient surtout parmi les plus pauvres de ses sujets, Nabot répond, méprisant :
- T’as pas compris que c’était un prétexte, pauvre con !

&


La tortue vient de s’inscrire dans plusieurs épreuves des prochains jeux olympiques. Jean de la Fontaine s’en étonne :
- Je ne suis pas d’accord : tu coures trop de lièvres à la fois.
Ce propos, rapporté à Nabot, a provoqué un haussement d’épaule du Chef :
- Ce con ne sait donc pas que dans la fable le lièvre court après la tortue, et non l’inverse !

&

Nabot apprécie particulièrement la morale de la fable Le laboureur et ses enfants :
- Depuis la disparition des laboureurs les gens ont un poil dans la main, se plaint-il.
Boutefeu lui ayant vanté le tempérament laborieux et industrieux des britanniques, Nabot a répliqué :
- C’est parce qu’ils ont un Labour party !

&

Nabot convoque Jean de la Fontaine :
- Faites moi mûrir ces raisins. J’en ai par dessus la tête d’entendre ce renard nous traiter de goujats.
La Fontaine hasarde :
- Vous le prenez pour vous ?
- Pour moi, pour vous, pour tout le monde.
Puis il ajoute, après réflexion :
- Y’aurait pas moyen d’en faire une publicité antialcoolique ? Vous qui avez de l’imagination, réfléchissez y.

&

Nabot s’est mépris, alors qu’on évoquait devant lui le cas Rabin :
- Laisser ce toubib s’amuser. Il faut bien que jeunesse se passe.

&

Le Petit Poucet vient d’être décoré. Nabot le félicite :
- Le coup des cailloux, franchement, c’est génial.
- Vous savez, répond l’enfant, j’en ai toujours plein les poches.
- Mais elles sont vides, constate Nabot.
- Ben oui, je les ai semés en cours de route. On m’avait dit que vous étiez un ogre.
- Un ogre ? Mais nous sommes de la même taille, s’étonne Nabot.
- Alors vous ne mangez pas les enfants, demande timidement le Petit Poucet ?
- En sucre uniquement.
Le visage de l’enfant alors s’éclaire :
- Je comprends maintenant pourquoi mon copain Jojo disait l’autre jour que vous vous sucriez sur notre dos.

&

A force de courir à perdre haleine, Nabot ressent brusquement un point de coté :
- De quel coté, demande Pimprenelle ?
- Mais à l’aine idiote, répond Nabot.

&

Nabot ne croit pas à l’histoire du Petit Chaperon rouge récrite par Jacques Hillairet :
- Fadaises, s’écrit-il, les loups sont sortis de Paris ! C’est bien connu !
- Par Issy et par Ivry, ajoute Boutefeu qui tient ses fiches à jour.

&

Pimprenelle lit à haute voix le passage suivant (une anecdote racontée par Chamfort) :
- On faisait compliment à Mme Denis de la façon dont elle venait de jouer Zaïre : “Il faudrait, dit-elle, être belle et jeune - Ah ! Madame, reprit le complimenteur naïvement, vous êtes bien la preuve du contraire”.
- Pourquoi naïvement, s’étonne Nabot ?

&

Lors d’un pèlerinage à Lourdes Nabot s’est fait accompagner par Jésus Miracle :
- Elle vivait au XIXe siècle, cette Bernadette Soubirou ! Et toi qui me racontais que tu la faisais sauter sur tes genoux, dans son jeune âge !
- Excusez Chef, j’ai confondu avec la Mouchette de Bernanos.

&

Nabot se réveille en sursaut. Il a dû pousser un cri car Pimprenelle, à ses cotés, également réveillée, s’inquiète :
- Tu viens de faire un mauvais rêve, mon Nabot ? On t’a encore coupé la tête ?
- Non, pire, on me confisquait mon téléphone portable !

&

A l’occasion d'une nouvelle traduction en nabotien de l’un de ses romans les plus connus, Gunther Grass a constaté non sans surprise que l’on avait retitré cet ouvrage Le Nabot.

&

Convié à la grande fête annuelle des nains de jardin, Nabot a prononcé un important discours qui se terminait par la phrase suivante, vivement applaudie par la foule enthousiaste :
- Tout ce qui est petit est gentil.
Une phrase, disons le, peu prisée par Pimprenelle :
- Et tout ce qui est grand serait méchant, alors ?
Devant honorer de sa présence le prochain congrès des girafes, Pimprenelle entend pour l’occasion répondre du tac au tac à son royal époux. Pour ce faire, elle vient d’organiser un concours assorti d’une importante récompense, lequel doit sélectionner la meilleure rime en “an” (ou “en”) susceptible de clouer le bec à Nabot. Las ! Alors que la plupart des réponses lui ont été communiquées Pimprenelle s’est dite consternée par médiocrité des réponses :
- A croire, se désole-t-elle, que ce sont des ânes qui ont répondu !

&

Nabot soupçonne Pimprenelle de le tromper lors de ses déplacements en province (son épouse refuse depuis plusieurs mois de l’accompagner : ces voyages la fatiguent, prétend-elle). La veille de l’un de ses départs Nabot y repense, non sans contrariété. Il essaye de se changer les idées en regardant par la fenêtre le spectacle de la rue. Observant un chien, il s’écrie :
- Mais bon sang, c’est bien sûr !
Nabot s’approche alors du lit conjugal, puis, levant la patte comme un chien, il pisse derrière l’alcove :
- Saligaud, qu’est ce que tu fais là, s’exclame Pimprenelle !
- Je marque mon territoire. Du moins le temps de mon absence, pas plus de trois jours. Je ne vais pas te faire un dessin. Je sais que tu m’as compris.

&


Si jamais Nabot répudiait Pimprenelle, Tristane Ballon tiendrait la corde. Il suffirait juste de trancher celle-ci pour convoler en justes noces.

&

Avec la jeune Tristane, le prince de Sarcelles, prétendant au trône de Nabotie, n’en était pas à son banon d’essai. On murmure dans le naboland que la jeune femme se serait depuis peu entichée d’un barbier :
- Je l’ai rencontré à Séville, s’est-elle excusée.

&

Une petite phrase de l’une des représentantes du naboland, lourde de conséquences, a été diversement appréciée. Les ennemis de Nabot en font des gorges chaudes. Le Chef ne comprend pas :
- De quoi se plaignent-ils ? Cela prouve que l’on ne mène personne en bateau en Nabotie, seulement les étrangers indésirables originaires de l’autre côté de la Méditerranée.

&

La chanson dont nous citons l’extrait suivant (“Maman les p’tits bateaux qui vont sur l’eau ont-ils des ailes / Mais oui mon gros bêta sur la Médi-dite-rranée”) vient d’atteindre la première place du hit parade.

&

Lors d’une visite du couple royal en Australie, Pimprenelle a fait l’acquisition d’une poche kangourou. C’est pour y loger mon Nabot, a-t-elle expliqué aux journalistes.

&

Une célèbre actrice, dont nous tairons le nom, a renvoyé à l’académie du cinéma le nabot de la meilleure interprétation féminine reçu quelques années plus tôt. Nous savons, de source autorisée, que l’objet en question avait engrossé une naine de jardin résidant dans la propriété de l’actrice.

&

Selon une autre source, moins autorisée, l’objet (que l’actrice avait emporté dans son sac pour le montrer à l’une de ses cousines, exposante au Salon de l’Agriculture) aurait proféré des injures et grossièretés dans l’enceinte du Salon. Ceci incitant l’actrice à s’en débarrasser sur le premier tas de fumier venu (information recueillie auprès de la cousine agricultrice).

&

Nabot raconte qu’il descend d’Attila. Il avoua même, devant un public choisi, qu’il en était la réincarnation. Pimprenelle se serait alors exclamée :
- Dis donc, tu as sacrement rétréci au lavage !

&

Droit dans ses bottes, nommé récemment chef des armées, a été étonné de recevoir des mains de Nabot, lors de la cérémonie d’intronisation, une toque de cuisinier. Nabot avait confondu les étoiles d’un général avec celles du guide Michelin.

&

Nabot a fort peu goûté l’évocation, en sa présence, des “étoiles ternies du Maréchal Pétain”. Laissez lui faire un dernier tour de piste, a-t-il déclaré : il a bien mérité de la patrie et de la télévision. Je ne ratais aucune des retransmissions quand j’étais enfant.

&

Paul Éluard, pressenti pour écrire le poème Nabot, j’écris ton nom, s’est finalement récusé. Je ne sentais pas le sujet, a déclaré le poète. De mauvaises langues prétendent que l’ordre viendrait de Staline. Quoiqu’il en soit Nabot a fait part publiquement de son mécontentement :
- Cet Éluard prend des libertés qui pourraient lui coûter cher, a-t-il menacé.

&

- Si on jouait, propose Nabot ?
Pimprenelle râle pour la forme, puis finit par accepter. Nabot alors l’enfourche :
- En route !
Pimprenelle marche à quatre pattes sur le grand tapis du salon, encouragée de la voix et du geste par son cavalier. Le jeu consiste à venir croquer une carotte que Nabot suspends devant le visage de sa compagne à l’aide d’une petite canne à pêche. Une carotte rarement atteinte par les mâchoires de Pimprenelle, selon les observateurs présents. A l’un d’eux, qui s’étonnait de ce curieux divertissement, l’épouse du Chef aurait répondu :
- C’est ça ou le bâton.

&

Michel Houellebecq est reçu par Nabot à la demande de l’écrivain, venu solliciter l’on ne sait quelle faveur. Tous deux parlent de choses et d’autres, puis Nabot entre dans le vif du sujet :
- Tu es célèbre, tu es riche, tu es populaire, tu serais couvert de femmes... Si c’est la mienne que tu veux, je ne te la donnerai pas. Et puis, tout à fait entre nous, tu n’es pas son genre.
- Ni elle le mien.
- A la bonne heure. Alors, que te faut-il encore ? Que te manque-t-il ? Je ne vois pas.
- Une particule. Je veux être anobli.
- Une particule ? Élémentaire, mon cher Houellebecq !

&

Nabot et Pimprenelle reçoivent à dîner leur ami Béchamel. Entre la poire et le fromage, Nabot pose la question qui fâche :
- C’est vrai ce que raconte Botul ? Tu n’écrirais pas les ouvrages publiés sous ton nom ?
- On dit la même chose en ce qui concerne tes discours.
Pimprenelle s’interpose :
- Un à un.
Nabot répond :
- Sauf que moi je ne touche pas de droits d’auteur.
Pimprenelle s’interroge :
- Deux à un ? J’ai comme un doute.
Béchamel hausse les épaules :
- C’est ton problème.
Quelques secondes s’écoulent. On apporte le dessert. Béchamel ajoute :
- Arrêtons ce genre de plaisanterie. Tu ferais mieux de coffrer ce Botul, cet imposteur, ce calomniateur, ce dénigreur professionnel. Les motifs ne manquent pas pourtant. Que fait ta police ?
Nabot relève la tête de son assiette :
- J’ai bien essayé. Mais il a répondu : “C’est la Bastille ou rien”.
- Quoi la Bastille ? Elle a été détruite en 1789 !
- Justement.
- Explique toi ?
- Je la reconstruirais volontiers.
- Comment, s’exclame Béchamel ! Pour entendre Botul rameuter le peuple contre toi, contre moi, contre le naboland ! Tu sais comment tout ça s’est terminé ! Souviens-toi de Louis XVI !
Nabot se caresse alors le cou :
- Évidemment, vu sous cet angle...
On vient servir le café.
- Match nul alors, demande Pimprenelle ?

&

Nabot ordonne qu’on lui apporte, après chaque manifestation, les tracts récupérés sur la voie publique. S’apercevant que l’un de ses conseillers tente de soustraire discrètement l’un d’eux, Nabot l’interpelle :
- Hé là ! Qu’est ce que tu veux me cacher ?
- Il vaudrait mieux que...
- Que quoi ?
- Que vous ne le lisiez pas...
- Tu me prends pour un enfant, abruti ! Montre moi ce tract. C’est de qui ?
- Une internationale inconnue. Un nom bizarre. Il n’y a pas d’adresse.
- Voyons...
Nabot lit. Au fur et à mesure qu’il avance dans cette lecture son visage se transforme. Il relit à voix haute, les traits défigurés par la colère, la dernière phrase :
- Nous voudrions voir Nabot pendu avec les boyaux de Boutefeu.
Nabot déchire nerveusement le tract, puis le piétine.
- Comment osent-ils ? Faites des recherches ! Il faut retrouver ces individus ! Appelez Boutefeu ! Attendez, je vais auparavant vous dicter le mot suivant.
Le conseiller s’empare d’une feuille de papier et attend, le stylo prêt à bondir sur la page blanche. Nabot hésite, puis se ravise :
- Non, tout réfléchi ça n’en vaut pas la peine. Comme Boutefeu n’a pas de tripes, alors...

&

Pimprenelle, toujours à la recherche de cadeaux originaux pour Noël, vient d’acheter un perroquet qui, selon le vendeur, crie “Vive Nabot !” en présence de nains, liliputiens, et hommes de très petite taille. Aurait-on abusé Pimprenelle sur la phrase en question ? Aurait-elle mal entendue (les boutiques d’oiseleurs étant des lieux particulièrement bruyants) ? Ou bien le perroquet, que Nabot découvrit le matin de Noël dans une belle cage repeinte aux couleurs du drapeau nabotien, eut-il la langue fourchée devant l’accumulation des cadeaux ? Questions restées sans réponse. Mais nous oublions le principal, à savoir que le volatile s’écria alors : “Vive Sabot !”.

&

Nabot devait voir La fille de Madame Angot à l’Opéra Comique, mais il y a renoncé au dernier moment :
- Pour me retrouver dans le prochain roman de sa mère, merci !
Celle-ci, informée par un journaliste, n’a pas caché son dépit :
- Un best seller qui me passe sous le nez ! C’est pas de chance !
Elle examine avec son avocat l’importance du préjudice pour, le cas échéant, demander réparation devant un tribunal.

&

Depuis sa retraite de Guernesey, répondant aux questions de notre envoyé spécial, Victor Hugo a catégoriquement mis fin aux rumeurs selon lesquelles il serait l’auteur du pamphlet anonyme Nabot le petit :
- Je n’ai pas pour autant oublié ma langue maternelle depuis ce long exil. En bon nabotien cela s’appelle un pléonasme.
Dans le courant de la conversation, évoquant la situation politique en Nabotie, l’écrivain nous a avoué qu’il en arrivait presque à regretter Napoléon III.

&

On raconte que la mère de Nabot, penchée sur le berceau de l’enfant, lui susurrait :
- Mon Nabot, c’est bien toi le plus beau.
Il ne manquait que la parole au nourrisson pour ajouter :
- Et le plus intelligent, et le plus fort, et le plus compétent, et le plus travailleur, et le plus capable de monter sur le trône de ce foutu pays.

&

Les rois fainéants se sont succédés pendant un demi siècle sur le trône de Nabotie, jusqu’au jour... Enfin Nabot vint !

&

La sécurité sociale ne rembourse les cures de nabothérapie qu’aux personnes de sexe masculin mesurant la taille de Nabot ou moins (en retranchant huit centimètres pour les personnes de sexe féminin). Donc pour ainsi dire personne.

&

A la suite de la fatwa lancée par Nabot contre la paresse, désignée comme étant le pire des péchés capitaux, les libraires ont prudemment retiré l’ouvrage de Paul Laffargue Le droit à la paresse de leurs rayonnages.

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Philippe Val, Caroline Fourest et Alexandre Adler proposent à Nabot d’ajouter un huitième péché capital à la liste connue : Tariq Ramadan.

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Lors d’une réception officielle, discutant avec l’un des convives de la guerre de Sécession, Nabot conclut ainsi :
- Croyez moi, la guerre aurait duré moins longtemps si ce con de général Grant n’avait pas été à la tête des armées nordistes !

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On parle de plus en plus dans la presse nabotienne d’une sécession des provinces du sud. Pimprenelle s’en alarme devant Nabot :
- Puisque tu ne veux plus que nous prenions nos vacances à l’étranger où allons nous aller maintenant si en plus nous sommes privés des cotes Vermeille, Languedocienne, d’Azur et de la Riviera ?
- Je ne sais pas moi, répond Nabot agacé, à Ostende.
- A Ostende ? Comme dans la chanson ? Je vais déprimer !
- C’est ça ou Knokke-le-Zoute, réplique Nabot toujours agacé.
- Knokke-le-Zoute ! Mais c’est pire, mon Nabot ! Et puis tu ne sais pas danser le tango.
Un conseiller, avec doigté, les informe que les deux villes citées se situent en dehors du territoire nabotien.
- Tu vois, c’était pour rire, se défend Nabot;
Puis il ajoute, méditatif :
- C’était quand même mieux du temps du général.
- De quel général parles-tu ?
- De celui du temps de Dunkerque à Tamanrasset.
- A Tamanrasset j’aurais aimé. Mais pas de vacances à Dunkerque, je t’en prie !

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Alors que certaines gazettes prétendent que Nabot prendrait une taille internationale depuis quelques mois, Pimprenelle a répondu à l’une d’entre elle en ces termes :
- J’ai encore mis mon Nabot sous la toise hier matin. Il n’avait pas pris le quart du dixième d’un centimètre. Je vais finir par croire les gens qui disent que les journaux racontent n’importe quoi. Ce petit Barbier, par exemple, commence à me raser.

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Un journal satirique, en référence à cette dernière déclaration, ayant eu l’outrecuidance de nommer Pimprenelle “la femme à barbe”, a été contraint d’inclure au nom du droit de réponse la vigoureuse protestation suivante dans sa dernière édition : “Mensonge, calomnie, je suis la femme à Nabot !”.

&

Jacques-Alain Miller a le mois dernier rameuté ses partisans pour dénoncer un amendement parlementaire favorisant la nabothéraphie au détriment des autres thérapies, dont la psychanalyse. Soucieux d’apaiser les esprits, Nabot a répondu par voie de presse qu’à l’avenir il superviserait personnellement la formation des nabothérapheutes. Devant la fin de non recevoir de JAM, Nabot a passé sa colère sur le premier conseiller venu :
- S’ils croient que je vais continuer à tolérer toutes ces saloperies sur leurs divans ils se foutent le doigt dans l’oeil ! Et même les deux, comme leur Œdipe !
Et c’est ainsi que viennent d’être interdites par décret la fabrication et la commercialisation de divans sur le territoire nabotien.

&

Alors que des libraires protestaient contre l’interdiction du Divan de Goethe, Nabot en a remis une couche, plutôt grossière :
- Ils ne sont pas contents ? Ajoutez le divan marquis à la liste. Voilà une bonne occasion de se débarrasser de cet abominable Sade dont les ouvrages n’auraient jamais du être imprimés en Nabotie. Nous sommes un pays de civilisation, que je sache !

&


A l’un de ses conseillers qui lui faisaient remarquer que Sade, désormais diffusé sous le manteau, risquait de retrouver un statut d’auteur maudit et subversif, apprécié par la jeunesse dévoyée, les intellectuels tordus et les pervers polymorphes, tous “fouteurs de merde”, Nabot l’a rassuré en ces termes :
- Sous le manteau il n’y a rien à craindre. Je ne vais pas vous le dessiner, hein. Sous la blouse, par contre, si vous voyez ce que je veux dire...

&

De nombreux intellectuels ayant protesté contre l’interdiction des oeuvres de Sade, Nabot a répondu catégoriquement :
- Ils confondent licence et liberté, tous ces cons ! Du temps des rois fainéants, mes prédécesseurs, la licence avait pris le dessus. Avec moi la liberté et le travail refleurissent.

&

Le naboland a subi un cuisant revers lors des dernières élections de districts. Nabot s’est d’abord fâché, traitant ses troupes d’incapables, puis il a changé de ton :
- Vous avez pris une veste, d’accord, mais faut la rendre les gars.
- A qui, demande l’un des conseillers, au parti de la Rose ou à celui du Borgne ?
Nabot se caresse le menton, perplexe :
- C’est bien là la question. Qu’est ce qu’il en pensait cet anglais, machin, celui dont je ne retiens jamais le nom ?
Un autre conseiller tousse légèrement :
- Ce n’est pas exactement la traduction de “What is the question”.
Nabot se retourne vers lui, furieux :
- Je le sais abruti ! Le mec il a écrit : “Naître ou ne pas naître, telle est la question”. J’en connais qui auraient mieux rester dans les couilles de leur père, quand j’entends de pareilles conneries !

&

Voulant en remontrer à son ministre de la Culture, Nabot l’interpelle en ces termes :
- Toi, tu es comme Monsieur Jourdain, tu fais de la pose sans le savoir !
L’interpelé, d’abord interloqué, croit bon demander :
- Comment vous l’écrivez ?
- P.O.S.E, ignorant ! Tu ne sais donc pas qu’avec moi il n’y a jamais de pause !

&

L’incident ayant été relaté dans une gazette, Monsieur Jourdain s’est présenté au palais royal, muni d’une lettre d’introduction de son ami Molière. Nabot l’a reçu fraîchement :
- Et vous osez me déranger pour ça ! Franchement, Monsieur Jourdain, vous ne manquez pas d’air !
- C’est exactement le contraire, Monsieur le Chef, je voudrais qu’on le rétablisse !

&

Pendant la représentation d’une pièce de Corneille, Nabot n’a pu réprimer un fort bâillement :
- Tu me fais honte devant tout le monde, chuchote Pimprenelle.
- Ce Corneille m’ennuie. Je préfère le corbeau et le renard.
- Y’a rien à voir.
- Pas d’accord, y’a à voir. Les gens confondent tout : les torchons avec les serviettes, les corbeaux avec les corneilles...
- Chut !

&

On vient de soumettre à Nabot une liste de personnalités postulant pour le poste d’ambassadeur en Chine, très convoité. Le Chef a d’emblée rayé le nom de Paul Claudel :
- Pas celui-là, c’est un partageux !
Ce qui n’est pas du goût de Pimprenelle :
- Toi, tu vois toujours quatorze heures à midi !

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Pour se faire pardonner Nabot a chargé Droit dans ses bottes de monter Le soulier de satin.
- Comment je vous le monte Chef : à la hussarde ou en amazone ?
Pimprenelle, toujours boudeuse, a déclaré :
- Celui là il serait capable de monter Dona Prouhèze en gardant ses bottes.

&

Les bijoux de la Castafiore seront prochainement mis aux enchères. Nabot, l’apprenant, a proposé le marché suivant à Hergé :
- Je te les échange contre les ferrets de la Reine de la nuit.
Hergé, et surtout la Castafiore en sont restés sans voix.

&

Nabot, recevant Tintin, vient de lui proposer d’entrer dans son équipe gouvernementale. Ce dernier l’accepte mais à la condition suivante : Milou restera à ses cotés, y compris pendant les conseils de ministre. Nabot n’y voit pas d’inconvénient :
- Mieux que cela même, je fais de Milou le porte-parole de mon gouvernement. Comme ça les journalistes auront toutes les peines du monde à distinguer ma parole de celle du porte-parole. Celui qui est encore en place en prends un peu trop à son aise quelquefois, et je suis obligé de le corriger. Ce qui fait désordre.
Puis, se tournant vers Milou :
- Faisons un essai. Dis moi Milou, que penses-tu de la laïcité ?
- Ouah, ouah !
- Très concluant, ajoute Nabot, visiblement satisfait.

&

Confrontée, lors d’un débat sur la laïcité, à plusieurs représentants des religions de Nabotie, la vipère de Meaux s’est voulue conciliante, attentive, compréhensive, presque charmeuse. L’un des débatteurs a d’ailleurs glissé en aparté, à l’un de ses voisins :
- Dis donc, ce n’est pas la vipère annoncée, tout juste une couleuvre.
- C’est toi qui vient de l’avaler la couleuvre ! Et plus d’une même !

&

Nabot, on le sait, est un grand amateur du jeu de fléchettes. Il téléphone à Jésus Miracle pour une partie :
- J’ai besoin d’une cible, tu feras un excellent Saint-Sébastien.
- Merci Chef, mais je suis déjà retenu ailleurs. Et puis barbu pour barbu je pense que Chabal sera davantage l’homme de la situation.

&

Nabot vient de convoquer Pierre Assouline.
- J’aimerais que vous écriviez ma biographie, lui propose-t-il.
Étonnement compréhensif de son interlocuteur :
- Mais vous êtes vivant Nabot. Admettons que je réponde favorablement. Il me faudrait attendre votre mort pour me mettre au travail. Et je ne suis pas certain d’être encore en vie à ce moment là. Vous nous enterrerez tous.
- Comment, de mon vivant cela n’est pas possible ?
- Non, c’est la règle du genre.
- Pourtant on entre bien dans la pléiade de son vivant.
- Pour de rares écrivains oui. L’exception qui confirme la règle, si vous préférez.
- Alors faisons pour une fois exception à la règle. Mettez vous au travail dés aujourd’hui. Je vous transmettrai tous les documents nécessaires. Mais n’en parlez à personne. Nul ne doit être informé de ce projet biographique.
Les lecteurs soucieux de savoir ce qu’il en retourne réellement, peuvent toujours s’adresser à Pierre Assouline. Il ne parait pas certain, compte tenu des éléments dont nous disposons, que le biographe veuille répondre. Surtout si l’on sait que toute indiscrétion pourrait lui être préjudiciable, voire lui coûter cher. Mais après tout, pourquoi ne pas essayer...

&

Pimprenelle s’étonne de l’absence d’un couvre-chef sur la tête de son royal époux.
- Il y a pourtant de jolis bibis qui t’iraient bien.
- Pour qu’on raconte ensuite que je travaille du chapeau, je te remercie !
Pimprenelle revient à la charge :
- On ne dit jamais cela des basques, des forts des halles ou des peintres en bâtiment, tu le sais bien. Sauf peut-être ce petit peintre bavarois...
- Celui de la chute de la maison Allemagne ?
- En plein dans le pot, mon Nabot !

&

Les miracles de la nabothérapie. Un ancien patient est venu témoigner dans une émission de télévision très populaire.
- Monsieur Durand, dites aux millions de téléspectateurs qui nous regardent ce soir ce que vous a apporté la nabothérapie.
- Auparavant j’étais dispendieux, arrogant, grossier, colérique, parano, mégalo, et je ne vivais pas toujours bien avec ça.
- Et aujourd’hui, alors ?
- Aujourd’hui je l’accepte.
- Formidable ! Nous applaudissons chaleureusement monsieur Durand pour son exceptionnel témoignage !

&

Nabot interpelle l’un de ses conseiller, appelé “la plume du Chef” :
- Dis donc, on m’a raconté hier soir, au sujet de mon fameux discours des arènes de Bercy, que tu avais trouvé l’argumentation chez un certain Michéa de Montpellier.
- C’est beaucoup dire. Je m’en suis en effet inspiré, parmi d’autres. Vous savez comment je travaille. Je vais chercher ici ou là ce qui pourrait nous convenir. Rien de plus.
- Bon. A ton avis, ce de Montpellier, nous pourrions l’enrôler ?
- Je n’irai pas jusque là. Je dirais pour lui ce que je vous disais, un an après votre couronnement, du vicomte d’Évry. Il nous est plus utile à la place qui est la sienne que parmi nous. Vous aviez fini par le reconnaître pour le vicomte.
- C’est vrai. Il sert mieux nos intérêts dans les rangs ennemis.
- Michéa de Montpellier, pour revenir à lui, est un philosophe et non un homme politique. Quelqu’un donc que l’on ne débauche pas comme un vulgaire politicien. Il ne faut pas compter sur lui pour vous tresser des lauriers. Sachez cependant, et là c’est l’essentiel, qu’il déteste davantage ceux qui vous détestent que vous même.

&

A la pêche Nabot croise Salvador Dali :
- Tu pêches quoi, toi ?
- Le thon. Et toi ?
- Les électeurs.
- Ça mord ?
- Pas terrible. Mes appâts ne donnent plus rien.
- Tu devrais faire de la publicité. Rien de tel pour relancer une carrière. J’en suis la preuve vivante.
- Et qu’est ce que je dirai ?
- Tu ne dirais rien. Je te prendrais dans mes bras en déclamant dalivinement : “Je suis fou de cet en-foi-ré de Nabot !”.
- Enlève enfoiré. Pour le reste d’accord. Tu me promets de ne pas me croquer.
- Promis, juré. Juste un petit dessin...

&

Nabot vient d’ouvrir l’une des fenêtres du palais.
- Nabot, salaud, le peuple aura ta peau, crie la foule !
Il referme la fenêtre.
- Tu as entendu, demande-t-il à Pimprenelle ?
- Oui mon Nabot. Pourquoi les gens ne t’aiment pas ?
- Je devrais changer une ou deux lettres dans mon nom.
- Bonne idée !
- Bon voyons. Nabut ? Non, cela déplairait à Chonodosor. Nabit ?
- Non, je refuse. Tu es mon Nabi dans l’intimité. Je ne veux pas la partager avec les nabotiens et encore moins les nabotiennes.
- J’élimine Nabe. J’en connais un qui me ferait un procès. Nabab ? Lui c’est un ami, mais c’est également déjà pris.
- Pourquoi pas Nabat, tout simplement ?
Nabot hoche vigoureusement la tête, en signe de dénégation :
- J’entends déjà les mauvais jeux de mots : Nabat de volaille, Nabat prix, Nabat son, Nabat toir, Nabat jour...
- Baisse un peu Nabat jour !
- Tu vois, toi même tu t’y mets. Il n’y a pas de solution.
- Pauvre Nabot !

&

Nabot veut l’anneau du Nibelung. Cela tourne à l’obsession chez lui. Devenir le maître du monde, détenir toutes les richesses, se faire craindre de tous et de chacun...
Comme il se sent à l’étroit dans sa petite Nabotie ! Il ne règne en réalité que sur le naboland. Ses sujets le brocardent. On se moque de sa petite taille, de sa grande épouse, de la bêtise de Boutefeu, de l’arrogance de Droit dans ses bottes, des flagorneries de ses conseillers. Même la vipère de Meaux, l’un des piliers du naboland, siffle derrière son dos une vilaine chanson. Ah l’anneau ! Nabot en rêve jour et nuit. La dernière nuit, par exemple...
Tiens, mais c’est le Rhin ! Qu’ont-elles à chialer ces trois greluches ? Zut, Nabot arrive trop tard, Alberich l’a précédé ! Bon, réfléchissons. Il parait risqué de se rendre pour l’instant dans les entrailles de la terre, au pays des Nibelungen. Voyons plutôt du coté du Walhalla.
- Salut Wotan !
- Salut Nabot. Tes sujets t’ont enfin chassé ? Tu as dégagé, comme on dit dans les pays des Mille et une nuits ?
- Pas du tout. Je suis en vacances.
- Ce n’est que partie remise. Tu pensais peut-être retrouver ici tes anciens amis, le roi de Carthage, le Pharaon, le Tyran de Tripolitaine. Il n’était pas question pour moi de recevoir cette engeance dans mon Walhallah.
- Je ne pensais rien... Je ne fais que passer.
- Et bien passe ton chemin, roitelet à la triste figure, gueule de papier mâché, malade mental.
- Moi, je pète le feu !
- Voudrais-tu le déloger ?
Froh et Donner, qui s’étaient joints à eux, éclatent alors de rire. Nabot ouvre de grands yeux, étonné :
- Je ne comprends pas.
Wotan lui souffle la fumée de son cigare en plein visage :
- Tu es trop bête Nabot. Disparaît de ma vue, avorton !
- C’est où la sortie, demande Nabot ?
- Loge va te reconduire.
- Hé là ! ça me brûle derrière, se plaint Nabot !
- Tiens donc ! D’habitude c’est Pimprenelle qui a le feu au cul.
Et tous de rire en se tenant le ventre. A l’exception de Fricka :
- Je ne trouve pas ça drôle.
Nabot préfère mettre le cap sur le pays des Nibelungen. Il tombe sur Mime :
- Mon frère, s’écrit ce dernier !
- Nous n’avons pas gardé les cochons ensemble, grince Nabot. Retourne à ta forge.
Il doit cependant se cacher en entendant les voix de Loge et Wotan. Nabot assiste à la scène durant laquelle Wotan reprend l’anneau à Alberich. Revenant à la surface de la terre, il croise l’une des Normes :
- Et après, demande Nabot ?
Elle lui raconte la suite de l’histoire. Enfin le second volet de la tétralogie, celui que Nabot ne connaît pas.
- Je suis privé de Walhallah alors, gémit Nabot.
- Ortlinde, l’une des Walkyries, celle qui doit te ramasser, jugera que tu ne fais pas la taille requise pour rejoindre le paradis des héros. Tu comptes pour du beurre, en quelque sorte.
Comme par hasard Nabot se retrouve devant la forge de Mime :
- Mon frère, s’écrie à nouveau ce dernier !
- Ça devient une maladie chez toi, gronde Nabot.
- Planque toi ! Si Siegfried te trouve ici il te réduira en bouillie.
- Merci du conseil. Je vais aller rendre visite au dragon.
Pas moyen de le réveiller. Pourtant Nabot s’époumonne :
- Dragon, c’est Nabot ! Ton ami Nabot !
Un oiseau qui passait par là le prévient :
- Il est un peu dur d’oreille. Et puis, tout à fait entre nous, il n’y a que Siegfried qui puisse le réveiller.
Justement Siegfried arrive, armé de pied en cap.
Nabot préfère se retirer. Siegfried tue le dragon et s’empare de l’anneau :
- Zut, réalise Nabot, je ne suis pas de taille à le reprendre à ce grand con.
- Tu l’as dit bouffi, répond en écho l’oiseau moqueur.
- Ta gueule l’oiseau !
Nabot suit Siegfried. Celui-ci atteint un grand rocher ceint d’une imposante couronne de flammes. Il traverse le feu sans difficulté.
- Putain, comment il fait, s’étonne Nabot ?
Au pied du rocher Siegfried réveille une belle jeune femme endormie.
- Enfin, presque aussi belle que Pimprenelle.
Passons sur la scène suivante, avec Nabot dans le rôle du voyeur. L’important pour lui c’est l’anneau. Siegfried vient de l’offrir à Brünnhilde et repart à cheval. Nabot attend un moment, le temps pour le cavalier d’atteindre le Rhin, puis il apparaît dans toute sa majesté sous les yeux ébahis de Brünnhilde.
- T’es qui toi ?
- Nabot, gente dame, roi de Nabotie.
Il sort alors un luth de sa besace et entame une romance
- Je vois paraître le jour, qui me plaît tant...
Brünnhilde l’interrompt :
- Tu me racontes des crasses. Je te connais : tu t’appelles Beckmesser. Tu te trompes d’opéra mon bonhomme. Nous ne sommes pas dans Les maîtres chanteurs de Nuremberg. Relis ton Wagner. Donc tu n’as rien à foutre ici. Retourne dans tes Maîtres chanteurs, triste personnage. Tu es jaloux, tu es envieux, tu es stupide, tu es médiocre. Tu souilles mon rocher. Dégage !
- Fait voir ton anneau ?
- Je te vois venir. Siegfried ! Siiegfried !
- Je m’en vais, je m’en vais...
Nabot se cache derrière le rocher et attend. Fatigué il s’endort. Quand il se réveille Brünnhilde a disparu. Il hèle l’une des Normes :
- Hé la Norme ! Je cherche Siegfried et Brünnhilde.
Elle lui indique le chemin. Arrivé au pays des Gibich Nabot rejoint le palais de Gunther.
- Tiens mais c’est... Salut Hagen !
- Salut Nabot. Pour l’anneau tu peux toujours courir. Tu ne l’auras pas.
- De quel anneau parles tu ? Je n’en porte plus. Pimprenelle dit que ça fait vulgaire.
- Hypocrite ! menteur ! Vas raconter tes salades aux nabotiens. Ici tu es dans la cour des grands. Et n’essaie pas de te joindre à notre partie de chasse, nous pourrions te prendre comme gibier.
- Si tu le prends sur ce ton, bon...
Nabot ronge son frein. Pas complètement cependant, sinon... Il se mêle à la foule. On vient d’assassiner Siegfried, murmure-t-on autour de lui. Nabot joue des coudes pour s’approcher du cadavre. Comment s’emparer de l’anneau devant tout ce monde ? Zut, Hagen l’a encore précédé. Mais ce dernier n’arrive pas à extraire l’anneau du doigt de Siegfried. Ça alors ! Seule Brünnhilde... Suivons là. Elle rend l’anneau aux filles du Rhin, cette conne ! Hagen se précipite dans les flots. Nabot lui emboîte le pas :
- L’anneau...
Nabot se réveille en sursaut. Pimprenelle vient d’allumer la lampe de chevet.
- C’est qui cette No ?
- Quoi No ?
- Oui, la No, la No. C’est la troisième fois que tu prononces ce nom en dormant. C’est qui, une chinoise ? La femme du docteur No ?
- En Chine ? Tu n’y es pas Pimprenelle, j’étais dans Le crépuscule des dieux.
- Arrête tes conneries ! Je n’ai pas envie de plaisanter. Tu sais que je n’aime pas être réveillée comme ça en pleine nuit.
- Je ne serai jamais le maître du monde, soupire Nabot.
- C’est préférable. Contente toi de la Nabotie. Tu as de la chance d’être encore sur le trône. Pas sûr que cela dure.

&

Le jour où il obtenait de la direction du Journal la tête de son célèbre caricaturiste (celui-ci préférant quitter le quotidien plutôt de d’illustrer en page 17 la rubrique sportive), Nabot réalisa que des mouches virevoltaient au-dessus de sa tête. Elles étaient trois, comme dans les dessins de ce jean-foutre de dessinateur dont il venait d’avoir la peau. Nabot, d’abord interloqué, l’expliqua par la lourde chaleur, celle d’un été très orageux cette année-là. Cependant, à la faveur d’une baisse sensible de la température, les mouches ne disparurent pas pour autant : elles continuaient à tourner et virevolter autour de lui, avec encore plus d’entrain même.
- Elles me narguent, grinça Nabot.
Il s’en ouvrit à son entourage en demandant qu’on le débarrassât illico de cette engeance. Ses conseillers ouvrirent de grands yeux : quelles mouches Chef vénéré ? Ils avaient beau regarder, scruter, s’abîmer les mirettes, ils ne voyaient rien, pas le moindre insecte ! L’un d’eux avança que Nabot travaillait trop : le Chef devait prendre du repos, se ménager. Pour comprendre l’attitude des conseillers précisons qu’à ces moments là, en présence d’un tiers, les mouches disparaissaient comme par malignité.
Au début de l’automne, durant la semaine où fut réprimée dans un bain de sang la seconde émeute des Marches du royaume, une quatrième mouche apparut. Puis une cinquième lors du vote par le parlement limitant le droit de grève dans la fonction publique. Et encore une sixième à l’occasion d’une proposition par Nabot d’un “statut de l’opposition”, pénalisant, parmi d’autres articles, tout propos diffamatoire, ou considéré tel, envers le Chef. Ses conseillers, de guerre lasse, avaient fini par admettre l’existence de ces quatre, cinq, puis six mouches, sans pour autant avoir vu la couleur de l’une d’entre elles. Mais les colères de Nabot étaient telles qu’il valait mieux dans ce cas de figure ne pas le démentir. Plusieurs conseillers avaient d’ailleurs compris qu’ils n’obtiendraient de l’avancement qu’en caressant Nabot dans le sens du poil. Sans trop en faire cependant : juste en feignant l’accablement lorsque le Chef évoquait cette détestable promiscuité.
Un peu plus tôt Nabot s’était rendu au chevet du Borgne, l’un des ses anciens adversaires, agonisant. Les mouches à l’origine accompagnaient les caricatures du Borgne en première page du Journal (avant que Nabot ne prenne le relais). Peut-être que la vieille ganache, fort ménagée depuis le début du règne de Nabot (lequel soit dit en passant lui avait “emprunté” une partie de son programme), connaissait la recette permettant de liquider ces maudites mouches. Nabot fit mille promesses au moribond, puis aborda le sujet sensible. Malheureusement le Borgne décéda sans avoir entendu la fin de la requête. Et Nabot revint gros jean comme devant dans son palais.
A l’occasion du vote sur la réforme du Code du Travail une septième mouche apparut. Un conseiller, qui avait des lettres, raconta alors à Nabot l’histoire du petit tailleur.
- Il faut absolument retrouver cet homme, s’exclama le Chef ! Lui seul peut me débarrasser de ces sept mouches.
D’importantes forces de police furent déployées dans toute la Nabotie. Boutefeu prit personnellement la direction des opérations. On finit par mettre la main sur l’individu recherché, et on l’adressa de toute urgence au palais royal.
- Mais tu es encore plus petit que moi, constata Nabot fort étonné ! Tu as tué sept mouches d’un coup, dit-on. Débarrasse moi des maudits insectes qui me pourrissent la vie depuis plusieurs mois et je saurai te récompenser royalement.
Le petit tailleur réfléchit un moment, puis déclara :
- D’accord. Mais comme il s’agit de sept mouches j’aurais sept faveurs à vous demander en échange. Je vais toutes vous les écrire pour ne rien oublier.
Nabot se frottait les mains, très satisfait. Il imaginait que le bonhomme aimerait partir en croisière sur un yacht, ou posséder une grosse montre de luxe, ou une bagouse de même calibre, où dîner en compagnie d’un acteur américain connu, ou assister à l’un des concerts du vieux chanteur, ou jouer dans le prochain épisode des Bronzés, ou passer la nuit avec...
Le petit tailleur interrompit cette rêverie :
- J’ai fini.
Lorsque le petit homme lut l’un après l’autre ses sept souhaits, Nabot n’en crut pas ses oreilles. Ce merdeux lui demandait d’abroger les six mesures phares de son début de règne, plus la réintégration du Caricaturiste au Journal !
- Je vais te casser la gueule, éructa Nabot !
Puis il se calma. Un homme qui tue sept mouches d’un coup peut avoir du répondant.
- Gardes ! Emparez vous de cet insolent ! Foutez-le en taule !
Nabot fit condamner le petit tailleur pour crime de lèse-Nabot. On rapporte qu’à l’énoncé du verdict le petit tailleur déclara :
- Nabot ne passera pas le cap de la treizième mouche.
Ce conte, diffusé sous le manteau en Nabotie, comporte deux fins différentes. Dans la première version on y lit :
“Cette treizième mouche apparut un pâle matin d’hiver. La veille Nabot avait décrété l’état d’urgence. Le soir même, sous la pression populaire, Nabot quittait la Nabotie pour les îles Mollusque (qui venaient de lui accorder l’asile politique). Nabot aurait préféré le pays de l’Oncle Sam mais ce dernier ne tenait pas à recevoir un neveu si compromettant”.
La fin de la seconde version, plus sobre, ne comprends qu’une seule phrase :
“Moralité : n’attendez pas une hypothétique treizième mouche pour vous débarrasser de Nabot”.

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La fin de Nabot approche. Du moins celle du monarque. On sait par une source officieuse que Nabot, éjecté du trône, pourrait se reconvertir dans le cinéma. Des producteurs y songent déjà. Un publicitaire, embauché dans cette perspective par une grosse maison de production, travaille sur le profil du personnage. Il vient de proposer le slogan suivant à ses commanditaires : “Nabot, le personnage que vous aimerez détester (ou que vous détesterez aimer)”.

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Lola Montès, prévenue, vient d’écrire à Nabot la lettre suivante. “Nous vous attendons mon cher Nabot. L’un des nains de la troupe venant de décéder vous occuperez sa roulotte. Ne vous inquiétez pas pour votre numéro. Vous vous contenterez de passer la tête à travers une lucarne et ne plus bouger. Évitez de dîner auparavant : les œufs, tomates et pêches pourries que vous recevrez y pourvoiront. Surtout venez sans Pimprenelle. Je suis la vedette féminine de ce spectacle et tient à le rester. Pour les conditions financières nous vous proposons le salaire que vous perceviez lors de votre installation sur le trône de Nabotie. Mais pas le triple. Réfléchissez bien. De toute façon vous ne trouverez pas mieux. Amitiés. Lola”.

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Nabot n’a pas fait l’affaire. Au bout de sa période d’essai on le congédia.
- J’étais à moitié convaincu, reconnut l’organisateur de la tournée : un roi déchu n’attire plus grand monde. Le numéro aurait eu un franc succès si Nabot était resté sur son trône. Mais comment embaucher un monarque en activité ? J’aurais l’inspection du travail au cul. Pimprenelle nous aurait davantage convenu. Avec un autre numéro certes, comparable à celui de Lola. Mais vous connaissez la Montès. Elle ne voulait rien entendre : “C’est moi, ou c’est elle !”. Alors j’ai laissé tomber.
Comment réinsérer Nabot ? Nous avons posé la question au travailleur social qui s’en occupe :
- Difficile cette prise en charge. Très difficile. Pourtant avec les autres très généralement nous trouvons des solutions, plutôt satisfaisantes d’ailleurs. Dans certains cas même, nous pouvons parler de réussites. Vous voulez des exemples ?
- Volontiers.
- Louis XVI est devenu serrurier. Faut dire qu’il connaissait déjà le métier. Quelques stages en entreprise ont suffit. Son épouse, Marie-Antoinette, joue son propre personnage au cinéma. En ce moment elle tourne aux Amériques. Henri IV travaille comme volailler. Napoléon organise des séjours vacances dans l’île d’Elbe. Il monte actuellement un projet sur l’île de Ste-Hélène. François 1er a ouvert une boite de nuit en Suisse, le Quinze-quinze. Clovis, après des débuts difficiles, se révèle excellent potier. Charlemagne enseigne l’histoire dans un collège francilien. La petite France Gall l’a eu comme professeur. Louis XI construit des cages. Philippe le bel entame une carrière de mannequin. Qui d’autre encore ? Louis XIV peint des soleils. Henri III vient de rejoindre la rédaction de Têtu. Louis IX a enfin obtenu le poste de juge qu’il convoitait, à Vincennes. Et le petit Louis XVII compte ouvrir une boutique de souvenirs dans le quartier du Temple. J’oubliais Louis-Philippe. Il s’est associé avec son ami Guizot, l’homme d’affaire. Vous voyez, nous avons plutôt de quoi être satisfait. Avec Nabot, pour y revenir, c’était galère. Galère de chez galère ! On y a pensé, figurez vous. Mais elles venaient d’être supprimées. Et puis Nabot n’avait pas les mensurations requises. Finalement nous lui avons trouvé un emploi de groom. Un vrai soulagement. Comme le disait hier Samuel, l’un de mes collègues : “De toute façon il n’est bon qu’à ça”.

Max Vincent